La vice-présidente principale du Groupe de la Banque africaine de développement, Bajabulile Swazi Tshabalala a reçu en audience, vendredi 22 mars 2024 à Abidjan, une délégation de la banque d’affaires américaines JP Morgan Chase, venue discuter des pistes de partenariats avec la principale institution de financement du développement en Afrique.

Conduite par Masha Gloukhovski, responsable mondiale du secteur public, la délégation comprenait Olivier Eweck, responsable du secteur public de JP Morgan en Afrique subsaharienne, Gabriel Syed, directeur général chargé des marchés émergents, Sjoerd Leenart, responsable mondial des services bancaires aux entreprises. La délégation a déclaré que JP Morgan Chase était « très désireuse » de travailler avec le Groupe de la Banque dans les domaines du commerce et du secteur privé et de participer dans des opérations de financement de projets.

« Nous sommes également très intéressés à fournir des financements autant que possible en monnaie locale à long terme si nous avons la garantie de la Banque », a déclaré Olivier Eweck. JP Morgan a travaillé et travaille déjà avec la Banque dans les marchés de capitaux et souhaite surtout bénéficier du système de garantie d’investissement de la Banque, pouvant aller jusqu’à 100 %.

Mme Tshabalala a présenté la Banque et ses défis régionaux et mondiaux dans le cadre de la collaboration avec les autres institutions de financement du développement et de la lutte contre les changements climatiques. Outre la Banque africaine de développement qui offre des services aux pays à revenu intermédiaire, le Fonds africain de développement propose des financements essentiellement concessionnels aux pays à faible revenu et en transition. Et parmi toutes les banques multilatérales de développement, la Banque africaine de développement est la seule à combiner opérations souveraines et non souveraines pour le secteur privé.

La Banque, a poursuivi Mme Tshabalala, vient d’adopter sa nouvelle stratégie décennale qui vise à accélérer une croissance et un développement inclusifs et résilients aux changements climatiques et entend renforcer le partenariat avec les banques multilatérales de développement à qui on demande d’être « meilleures, plus larges et plus efficientes ».

Tout en saluant la volonté de JP Morgan de s’investir davantage en Afrique, elle a assuré que la Banque est prête à renforcer le partenariat avec cette banque d’affaires pourvu que les actions ne créent pas de « risques systémiques » portant que sur l’une ou l’autre des institutions. L’un des objectifs majeurs de la Banque réside dans la mobilisation des financements du secteur privé pour le développement de l’Afrique, a-t-elle ajouté.

Max Magor Ndiaye, directeur du Département de la syndication, du cofinancement et des solutions clients, a souhaité que JP Morgan et d’autres accompagnent la Banque dans les pays FAD (éligibles aux critères du Fonds africain de développement) et dans « certains pays difficiles comme les États en transition » y compris dans le financement mixte ou en monnaie locale.

Mme Tshabalala a interpellé JP Morgan sur le refus catégorique de certaines banques d’affaires de partager les risques lorsque les États respectent les règles et malgré tout, subissent les conséquences de problèmes exogènes comme la pandémie de Covid-19.

« JP Morgan a sa démarche propre, et nous sommes là pour durer. Si notre travail a un impact en période de prospérité, il est particulièrement important dans les périodes difficiles, a répondu Olivier Eweck. Nous nous inscrivons sur le long terme. Et si vous voulez être là dans 100 ans, vous n’aurez jamais de tels comportement de JP Morgan », a poursuivi, M. Eweck.

« Nous sommes une institution à but lucratif. C’est donc un défi pour nous. Et nous avons besoin d’une meilleure couverture. Il faut donc adopter une approche holistique », a déclaré Masha Gloukhovski.

« L’avenir est vraiment positif pour l’Afrique et (…) je pense que vous prenez une très bonne décision stratégique d’être en Afrique à ce moment-là, car l’avenir appartient à l’Afrique. La demande pour les solutions de marché des capitaux augmente », a déclaré Ahmed Rashad Attout, directeur par intérim du Département du développement du secteur financier, qui a collaboré avec JP Morgan sur certaines opérations de la Banque sur le marché des capitaux.

Valerie Dabady, cheffe de division au Département de la mobilisation des ressources, des partenariats et des financements externes, a indiqué que le Fonds africain de développement qui a obtenu une reconstitution record de ses ressources à hauteur de 8,9 milliards de dollars, a été autorisé à aller sur le marché des capitaux pour lever des financements additionnels, ce qui signifie qu’il devra être noté, a-t-elle expliqué.

Elle a souligné que la Banque apporte aux nouveaux donateurs une connaissance de la région. « Et si vous cherchez à vous implanter en Afrique, nous sommes un partenaire compétent et nécessaire pour vous », a-t-elle dit. Elle a ajouté que JP Morgan peut aussi travailler avec la Banque à travers ses nombreux fonds fiduciaires.

Rappelant que les banques multilatérales se tournent vers l’innovation, Omar Sefiani, directeur par intérim du Département de la trésorerie, a invité les banques d’affaires internationales à adopter une vision à long terme sur le continent.

Nana-Efua Spio-Garbrah, cheffe de la Division des services techniques financiers, a invité JP Morgan à participer au prochain African Investissement Forum (Forum d’investissement en Afrique) prévu en décembre à Rabat, au Maroc, et qui réunit des porteurs de projets et des investisseurs pour des transactions. L’invitation a été acceptée avec enthousiasme par la délégation de JP Morgan.

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