Le transport aérien constitue un levier crucial pour le développement économique et l’intégration des pays de l’UEMOA. Dans une région marquée par de faibles connexions terrestres et une géographie morcelée, l’avion reste l’un des moyens les plus efficaces pour relier les capitales économiques et politiques.

Pourtant, malgré son potentiel, le secteur aérien ouest-africain reste confronté à des défis structurels et à une fragmentation de l’offre. Selon le rapport annuel 2024 de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), l’industrie du transport aérien dans l’UEMOA connaît une reprise soutenue après la crise sanitaire.

Les données révèlent une hausse continue du nombre de passagers, particulièrement dans des pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire qui émergent comme de véritables hubs régionaux. En 2022, le Sénégal a concentré plus de 5,3 millions de passagers, suivi de la Côte d’Ivoire avec 3,6 millions. Ces performances s’expliquent par des investissements massifs dans les infrastructures, comme l’aéroport international Blaise Diagne à Dakar et l’aéroport Félix Houphouët-Boigny à Abidjan, mais aussi par la montée en puissance de compagnies nationales comme Air Sénégal et Air Côte d’Ivoire.

Cependant, cette dynamique reste inégalement répartie au sein de l’Union. Les pays comme le Mali, le Burkina Faso ou encore le Togo affichent des chiffres de fréquentation nettement inférieurs, en raison de la faiblesse des infrastructures et de la dépendance vis-à-vis de compagnies étrangères. Le graphique 14 du rapport met en lumière cette fragmentation : si Air Côte d’Ivoire et Air Sénégal dominent dans leurs pays respectifs, des compagnies comme ASKY et Air France conservent des parts de marché importantes dans plusieurs États. À titre d’exemple, ASKY détient 30 % du marché au Burkina Faso et 29 % au Mali, tandis qu’Air France dépasse les 20 % en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Bénin.

Autre constat préoccupant, c’est la faible part des voyages intra-africains. En 2022, seuls 21,6 % des 16,4 millions de passagers enregistrés dans l’espace UEMOA voyageaient entre pays du continent. La majorité des flux se concentrent vers l’Europe, les États-Unis ou les Émirats arabes unis. Ce déséquilibre illustre les limites de l’intégration régionale par voie aérienne. Les causes sont multiples tels que les tarifs élevés, le manque de coordination entre les compagnies, la lourde fiscalité sur les billets, et l’absence d’accords aériens bilatéraux fluides entre les États membres.

Face à ce constat, la BOAD appelle à une réforme profonde du secteur. La réduction des taxes aéroportuaires, la mutualisation des ressources, le soutien aux compagnies nationales et le renforcement des infrastructures sont autant de leviers identifiés pour stimuler la connectivité régionale. L’enjeu est double : faciliter la mobilité des personnes et renforcer les échanges économiques dans un espace communautaire qui aspire à devenir une zone de croissance intégrée et compétitive.

Enfin, le rapport souligne l’urgence d’une stratégie commune dans le domaine du transport aérien. Cela passe par une meilleure mise en œuvre du Marché unique du transport aérien africain (MUTAA), une plus grande coordination des politiques nationales, et une implication accrue du secteur privé.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici