Le 14 octobre 2024, les autorités sénégalaises ont adopté un nouveau référentiel de politique économique et sociale dénommé « Agenda national de transformation Sénégal 2050 », qui ambitionne de faire du Sénégal, un pays souverain, juste et prospère. Cette stratégie, qui remplace le Plan Sénégal Émergent (PSE), s’articule autour de quatre axes majeurs : une économie compétitive, un capital humain de qualité et une équité sociale renforcée, un aménagement optimal et un développement durable, une gouvernance exemplaire et un engagement affirmé sur le continent africain.
Pour concrétiser cette vision, l’État a adopté la Stratégie nationale de Développement (SND) comme cadre de référence à moyen terme. Déclinée en plusieurs phases, la première, couvrant 2025-2029, vise à promouvoir un développement endogène et durable, ancré dans des territoires viables et compétitifs, et jetant les bases de la souveraineté nationale.
Le coût global de cette première phase est estimé à 18 496,83 milliards FCFA, dont 12 821,45 milliards FCFA (69,3%) à la charge de l’État et 5 675,38 milliards FCFA (30,7%) attendus du secteur privé, notamment par le biais de Partenariats Public-Privé (PPP).
La réalisation de cet objectif nécessite une mobilisation massive de ressources à long terme. Or, dans un contexte marqué par des marges budgétaires limitées et une pression sur les financements internes, le schéma actuel, centré sur une intervention accrue de l’État, semble atteindre ses limites. Il devient donc urgent d’ouvrir davantage la stratégie de financement aux ressources extérieures, notamment auprès des bailleurs bilatéraux et multilatéraux.
Au-delà des sources déjà identifiées – émissions d’Obligations Assimilables du Trésor (OAT), Bons Assimilables du Trésor (BAT), appui des bailleurs classiques et PPP –, l’organisation d’un groupe consultatif s’impose comme une alternative pertinente. Une telle démarche permettrait de réduire la pression sur les marchés locaux (UMOA-Titres, BRVM), déjà mis à rude épreuve, et d’éviter les tensions de liquidité.
Le gouvernement doit donc rompre avec l’autarcie et présenter aux partenaires et investisseurs les opportunités d’investissement offertes par la SND. Dans un contexte de mondialisation et de diversification des partenariats, le nouveau régime dispose d’une opportunité stratégique pour renforcer la confiance de ses partenaires traditionnels et élargir son portefeuille de bailleurs.
Pour cela, l’État doit faire preuve de souplesse, revoir sa stratégie de financement et sortir de la logique du financement quasi exclusif par des ressources publiques. Cela implique également de mettre en place des réformes incitatives : modernisation des codes d’investissement, douanier et fiscal, afin de créer un environnement plus attractif pour les investisseurs.
En plus de mobiliser des ressources longues grâce aux PPP et aux offres spontanées sur certains projets structurants, le recours à un groupe consultatif permettrait de redorer l’image du pays, récemment fragilisée par la dégradation répétée de ses notes souveraines, et de renforcer son positionnement sur la scène internationale.
Sur le plan organisationnel, le Sénégal gagnerait à capitaliser sur ses expériences passées, en s’inspirant des bonnes pratiques des groupes consultatifs et tables rondes des bailleurs de fonds mis en place sous les présidences de Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et plus récemment Macky Sall, en mobilisant les ressources humaines ayant une expertise avérée dans la conduite de telles opérations.
Par Dr Abdou DIAW