Les dirigeants africains continuent à se plaindre de l’exagération du niveau de risques de leurs pays. Une perception qui peut contribuer au renchérissement du coût du crédit sur les marchés internationaux. Afin de corriger cette faiblesse, il a été proposé la création d’une agence africaine de notation de crédit (ACRA). Mais, l’idée peine à être concrétisée pour diverses raisons.

C’est presque devenu une rengaine, la perception du niveau de risque des pays africains est exagérée auprès des agences de notation. Cette situation est décriée par certains Chefs d’États dont le plus en vue est celui du Sénégal, Macky Sall. En 2022, lors d’une conférence internationale à Dakar, le président sénégalais, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine (UA), suggérait la mise en place d’une agence panafricaine de notation. Il estimait que cette solution s’imposait face « aux évaluations parfois très arbitraires des agences internationales qui exagèrent le risque d’investissement en Afrique, ce qui renchérit le coût du crédit ».

Deux ans après cette sortie appréciée par bon nombre d’acteurs de l’écosystème, l’idée peine à être transformée en une réalité. Dans son rapport sur l’intégration régionale 2022, la Direction général de la planification et des politiques économiques (DGPPE), une équipe d’économistes analysent les freins à la création de cette agence. 

Selon eux, la notation de crédit souverain en Afrique fait face à de multiples défis et contraintes notamment la classification sélective des événements de défaut, la gestion des conflits d’intérêt, les retards et les commentaires limités sur les évènements positifs en matière de notation de crédit, l’émission de notations non sollicitées, la faiblesse des mécanismes de coordination gouvernementale. Ces insuffisances augmentent les risques sur la viabilité de la dette et minent les investissements en faveur des pays africains. 

En 2022, la tendance générale des notations a été à la baisse, avec 18 pays qui ont vu leurs notes dégradées. À cet égard, plusieurs pays africains se sont plaints des agences internationales de notation financière. Lors de la 77ᵉ Assemblée générale des Nations Unies (New York, septembre 2021), le Président d’alors de l’UA, S.E M. Macky Sall avait souligné la perception du risque en Afrique qui est de plus en plus élevée. Par conséquent, les primes d’assurance deviennent de plus en plus élevées, rendant les économies africaines peu attrayantes pour les investisseurs. 

Face à cette problématique, les dirigeants africains ambitionnent de mettre en place une agence africaine de notation du crédit (ACRA). En juillet 2023, à l’occasion de la 6ᵉ session ordinaire du CTS, l’UA et le MAEP ont fourni un nouveau rapport d’évaluation de la notation du crédit souverain. Les Ministres des Finances, de la planification économique et de l’intégration ont approuvé les recommandations issues du rapport qui sont entre autres : (i) opter pour des produits autres que les euro-obligations, (ii) améliorer l’efficacité et mobiliser les ressources domestiques, (iii) solliciter des notations souveraines auprès des agences de notation émergentes, (iv) renforcer les mécanismes de coordination des pays, (v) mettre en œuvre les recommandations des rapports des ANC, (vi) accélérer la mise en place des autorités de réglementation et l’amélioration des législations des ANC, (vii) œuvrer pour une participation des régulateurs nationaux aux initiatives continentales.

Dr Abdou DIAW

1 COMMENTAIRE

  1. C’est un projet ambitieux et efficient pour les pays africains face à la demande croissante du crédit. Le seul problème est de faire un dépassement de soi afin que l’agence soit autonome, pas semblable à l’autonomie de la BCEAO.

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