le marché finance

Le groupe Sonatel a réussi à mobiliser 75 milliards FCFA via une titrisation de ses créances menée par le consortium Invictus Capital & Finance et KF Titrisation. L’analyse financier Abdoulaye Ndoye détaille le succès de cette opération et vante les opportunités de ce mécanisme de financement innovant.

Votre SGI a accompagné la SONATEL dans sa levée de fonds de 75 milliards de FCFA à travers la titrisation de ses créances. Quelle analyse faites-vous du succès enregistré par cette opération ?

Le succès enregistré par cette opération de titrisation menée par le consortium Invictus Capital & Finance et KF Titrisation pour le compte de la SONATEL peut être attribué à plusieurs facteurs. Tout d’abord, la confiance des investisseurs dans la solidité financière et la stabilité de la SONATEL sa qualité de cédant. Cette confiance est renforcée par le fait que les fonds seront principalement utilisés pour des investissements stratégiques visant à renforcer les infrastructures de télécommunications du pays, notamment l’acquisition de la licence 5G et l’extension du réseau mobile et internet.

La participation de l’International Finance Corporation (IFC) et de l’Emerging Africa Infrastructure Fund (EAIF) en tant qu’investisseurs de référence a également contribué au succès de l’opération. La présence de ces investisseurs de renom a apporté une crédibilité supplémentaire à l’opération et a rassuré les autres investisseurs potentiels quant à la viabilité et à l’attrait de l’investissement.

En outre, la large sursouscription de l’opération témoigne de son engouement auprès des investisseurs ; ce qui indique une forte demande pour les titres émis. Cette demande soutenue peut s’expliquer par la qualité des actifs titrisés, la solidité financière de la SONATEL et les perspectives de croissance du secteur des télécommunications au Sénégal et dans la région.

Comment la titrisation peut-elle être une opportunité pour les entreprises sénégalaises souvent confrontées à un problème d’accès aux crédits ?

La titrisation peut être une opportunité majeure pour les entreprises sénégalaises confrontées à des difficultés d’accès au crédit. En effet, ce mécanisme financier permet aux entreprises de convertir leurs actifs généralement illiquides, tels que des créances commerciales ou des contrats à long terme, en titres négociables sur le marché financier. Cela leur offre la possibilité de mobiliser des liquidités rapidement en cédant ces titres à des investisseurs ; ce qui constitue une source alternative de financement.

Pour les entreprises sénégalaises qui ont du mal à obtenir des prêts bancaires en raison de critères stricts ou de contraintes liées au marché financier local, la titrisation offre une solution innovante. En titrisant leurs actifs, ces entreprises peuvent diversifier leurs sources de financement et accéder à de nouveaux capitaux à des conditions potentiellement plus favorables.

De plus, la titrisation peut contribuer à améliorer la liquidité du marché financier régional en élargissant la gamme d’instruments financiers disponibles pour les investisseurs.

Qu’est-ce qui expliquerait la faible percée de ce mécanisme de mobilisation de financement dans les pays de l’UEMOA ?

Plusieurs facteurs pourraient expliquer la faible percée de la titrisation comme mécanisme de mobilisation de financement dans les pays de l’UEMOA. Il s’agit notamment du  manque de familiarité sur ce type de produit ; la titrisation étant un concept relativement nouveau dans de nombreux pays de l’UEMOA, et les entreprises ainsi que les investisseurs peuvent manquer de familiarité avec ce mécanisme financier. Il s’y ajoute le  manque de sensibilisation et de compréhension sur les avantages et les modalités de la titrisation peut dissuader son adoption et aussi le manque d’actifs adéquats, car la titrisation nécessite des actifs adéquats à titriser, tels que des créances commerciales ou des contrats à long terme. Certaines entreprises peuvent avoir un manque d’actifs adéquats disponibles pour la titrisation ; ce qui limite son utilisation. Il y a également la complexité de la structuration pour la simple raison que la titrisation implique un processus de structuration complexe qui nécessite une expertise technique et juridique spécialisée.

Pour mettre en place une opération de titrisation, les entreprises doivent travailler avec diverses sociétés agréées notamment les Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (SGI), les Sociétés de Gestion de Fonds Commun de Titrisation de Créance (SG-FCTC), des avocats spécialisés en droit financier, ainsi que des agences de notation. La structuration de la transaction doit prendre en compte de nombreux facteurs, tels que la nature des actifs à titriser, les risques associés, les besoins des investisseurs et les exigences réglementaires.

Quelles stratégies mettre en place pour mieux développer la titrisation ?

Pour mieux développer la titrisation dans les pays de l’UEMOA, plusieurs initiatives peuvent être entreprises. Tout d’abord, une sensibilisation accrue est nécessaire pour informer les entreprises et les investisseurs des avantages de la titrisation en tant qu’outil de financement.

Il est aussi important de simplifier les procédures et les réglementations liées à la titrisation pour rendre le processus plus souple.

Parallèlement, la dynamisation du marché secondaire est également primordiale pour assurer la liquidité des titres issus de la titrisation.

ABDOULAYE NDOYE, ANALYSTE FINANCIER, INVICTUS CAPITAL & FINANCE

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