Dans son récent rapport intitulé « Perspectives économiques en Afrique (PEA) », publié la semaine dernière, la Banque Africaine de Développement (BAD) invite les Etats du continent à imposer les revenus de la diaspora africaine. En effet, les auteurs de ce rapport partent du constat que la relocalisation d’Africains qualifiés vers des pays à revenu plus élevé en dehors du continent représente une « perte importante » de main-d’œuvre hautement formée, mais elle constitue également une opportunité pour les pays d’origine de tirer parti de l’expertise acquise par ces migrants à l’étranger.
« De nombreux membres de la diaspora africaine conservent un fort attachement à leur pays d’origine et souhaitent y contribuer, ces pays ayant, dans bien des cas, assuré leur formation de base et leur éducation souvent à des coûts subventionnés qui ont façonné leur parcours professionnel », relève le rapport.
La BAD invite, par conséquent, les pays africains à envisager l’option de taxer les revenus des diasporas africaines afin de compenser les investissements publics consentis pour leur formation et les services reçus avant leur migration.
D’après l’institution financière, en 2019, on comptait 2,1 millions de migrants africains aux États-Unis. En supposant une taille moyenne des ménages de 3 personnes et un revenu annuel médian de 58 000 USD par ménage la même année, un prélèvement de 2 % sur ce revenu, indique la BAD, aurait permis de générer plus de 800 millions USD de recettes annuelles pour l’Afrique. Et ce chiffre ne concerne que les immigrés vivant aux États-Unis.
En tenant compte de ceux résidant dans d’autres pays et même sur le continent, les recettes potentielles pourraient être encore plus importantes pour financer le développement du continent, estiment les experts de la BAD.
Toutefois, prévient la BAD, la mise en œuvre de cette initiative nécessitera un travail supplémentaire pour éviter les risques de double imposition, ainsi que la mise en place d’une base de données numérique de la diaspora dans chaque pays, incluant un identifiant unique tel qu’un numéro de sécurité sociale ou une carte d’identité nationale du pays d’origine, et une évaluation du revenu des ménages. Des exemples provenant des États-Unis et d’autres pays, où les citoyens déclarent et paient leurs impôts, pourraient offrir des enseignements utiles pour la mise en œuvre d’une telle initiative.