Le Ministère de l’Economie, du Plan et de Coopération, dans un document intitulé « situation de référence de l’attractivité et de la compétitivité » du Sénégal fait un diagnostic global des Zones économiques et sociales (ZES) mettant en évidence un certain nombre de défis liés à leur attractivité dont les plus importants se présentent tel qu’il suit:
Des facteurs de production peu compétitifs
L’électricité au Sénégal reste très chère comparée aux autres pays concurrents. La plupart des entreprises avaient intégré dans leurs plans d’affaires la promesse d’avoir des coûts préférentiels de la Société nationale d’électricité du Sénégal (SENELEC) tendant vers un prix du KWh de 60 FCFA. Cependant cette promesse tarde à se matérialiser.
Les incitations fiscales et douanières restent peu attractives
Les entreprises bénéficient d’une réduction de l’impôt sur les sociétés (IS) jusqu’à 15% au lieu de 30% et pour une durée de 25 ans renouvelable une fois. Pendant ce temps, les pays concurrents comme le Maroc proposent un IS de 0% sur les 5 premières années, et ensuite de 15% sur les années suivantes. Sur le chiffre d’affaires non exporté et vendu sur le territoire national, les entreprises sont soumises à une taxe additionnelle de 3% sur le chiffre d’affaires en plus de toutes les autres taxes du droit commun. Cette taxe supplémentaire est très contestée par les entreprises même si elle permet d’éviter des distorsions avec les entreprises du droit commun.
Cadre régional non favorable
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne reconnait pas les produits issus des ZES comme des produits d’origine. Cette disposition, figurant sur le protocole sur les règles d’origine de cet organe communautaire, empêche les entreprises des ZES de bénéficier du marché sous-régional. En effet, les produits issus des ZES et exportés dans les pays de la sous- région ne sont pas exemptés de droit de douane, même s’ils sont suffisamment transformés pour porter le label « made in Sénégal ». En Afrique, de toutes les zones de libre-échange existantes, seule la CEDEAO possède cette exception dans son protocole sur les règles d’origine. La zone de libre échange continentale africaine (ZLECAF) considère les produits issus des ZES comme des produits d’origine et son entrée en vigueur effective permettrait certainement de corriger ce désavantage.
Dispositif de suivi et évaluation non fonctionnel
La loi sur les ZES prévoit un dispositif de collecte, de traitement et de transmission des informations sur les performances des ZES allant des promoteurs jusqu’à la Primature, en passant par l’Administrateur des ZES (ADZES) et le Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération (MEPC). Cependant, force est de constater que le dispositif ne fonctionne pas. L’ADZES dispose des états financiers et autres rapports des entreprises mais l’exploitation reste encore un défi. Jusqu’ici, aucun rapport sur les performances des entreprises n’est produit et transmis conformément aux dispositions de la loi. Le comité paritaire public-privé des ZES a entrepris la mise en place d’un tableau de bord
sur les ZES incluant des indicateurs sur le climat des affaires et d’autres indicateurs économiques et financiers.
Le manque de spécialisation des ZES
Il est important d’étudier les avantages comparatifs révélés et d’identifier les chaines de valeurs industrielles nécessaires à la diversification. Sur les ZES fonctionnelles, aucune n’est spécialisée sur une chaine de valeur spécifique. Les ZES de Bargny et de Fatick, en cours de développement, sont néanmoins spécialisées respectivement dans la métallurgie et le sel. Il est aussi nécessaire de prendre en compte la notion d’espace produit (l’évolution d’un chaînon à l’autre et pas forcément dans le même secteur), et la notion d’économie circulaire (construction de relations entre entreprises d’une même zone), avec comme perspective le développement de ZES multi-sectorielles.