Le secteur des mutuelles et institutions de microfinance au Sénégal et en Afrique de l’Ouest fait face à d’importants défis, notamment en matière de gouvernance et de financement. Selon Mamadou Cissé, Directeur Général de Baobab Sénégal, « les mutuelles appartiennent à la communauté, donc en réalité à personne », rendant difficile l’accès à certains instruments financiers comme les emprunts obligataires, qui nécessitent un cadre réglementaire strict et une confiance élevée des investisseurs.
Prenant part hier à l’atelier de formation sur la nouvelle réglementation de la microfinance adoptée en février dernier, Mr Cissé est revenu sur l’importance de cette réforme législative, qui consacre deux formes juridiques aux sociétés anonymes et sociétés coopératives. Il souligne que cette loi pourrait renforcer la gouvernance des institutions de microfinance et, par conséquent, rassurer les investisseurs. Dans la mesure où les contrôles menés par la Commission bancaire révèlent en effet que de nombreuses structures présentent des lacunes de gouvernance, freinant leur accès aux ressources financières.
Livrant les clefs du succès de Baobab, il révèle qu’il repose sur un triptyque : une gouvernance solide, un modèle éprouvé et un investissement massif dans la technologie. « Nous appartenons à un groupe qui a su convaincre dès notre entrée sur le marché africain », souligne-t-il. Rappelant que Baobab occupe aujourd’hui des positions de leader dans la plupart des pays où il est implanté, deuxième porte feuille au Sénégal et leader en côte d’Ivoire, avec des résultats parfois comparables à ceux du système bancaire classique.
L’innovation technologique constituant un levier essentiel, il ajoute que le Hub IT basé à Dakar pilote la création de nouveaux produits, l’innovation et les systèmes d’information pour l’ensemble du groupe. Cette stratégie permet à Baobab de rester proche de ses clients, d’adapter ses produits à leurs besoins et de renforcer son portefeuille.
Pour ce qui est des défis, il cite la technologie et l’interopérabilité. En effet, la rapidité des évolutions technologiques exige une grande agilité. Par ailleurs, Baobab participe au projet d’Interopérabilité de la Banque centrale de l’UMOA, qui vise à ouvrir le marché à toutes les institutions financières, banques, fintechs et acteurs de mobile money. « C’est une grosse opportunité, mais il faut être capable de proposer des services innovants et de qualité pour la saisir », précise Mamadou Cissé.
En résumé, Baobab Sénégal démontre que la gouvernance transparente, un modèle éprouvé et une innovation technologique constante sont des atouts majeurs pour relever les défis de la microfinance au Sénégal et en Afrique de l’Ouest.