Plus de 700 millions de personnes ont souffert de la faim dans le monde en 2023, dont une part importante en Afrique. Si rien n’est fait, plus d’un demi-milliard d’individus seront sous-alimentés d’ici 2030, et la moitié vivra sur le continent. Ces chiffres alarmants, ont été rappelés, par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, lors du 19ᵉ Forum africain sur les systèmes alimentaires, tenu ce lundi 1ᵉʳ septembre au CICAD de Diamniadio. Prenant la parole, le chef de l’État a insisté sur la nécessité pour l’Afrique de compter d’abord sur elle-même et sur l’urgence d’une réponse africaine à l’insécurité alimentaire. « Pour se nourrir, l’Afrique devra s’inscrire dans une dynamique de solutions endogènes, en puisant dans son énorme potentiel », a-t-il déclaré.
Le diagnostic est sans appel. « L’agriculture africaine demeure exposée aux aléas climatiques, aux faibles rendements et à des pertes post-récoltes atteignant jusqu’à 30 % des productions. Une dépendance accrue aux importations accentue la vulnérabilité des pays face aux crises mondiales », a déploré le chef de l’État. Pourtant, le continent détient les ressources nécessaires à son autosuffisance alimentaire et au-delà. Avec 30 millions de km², il concentre 65 % des terres arables mondiales et dispose d’importantes ressources hydriques. À cela s’ajoute une jeunesse majoritaire, 60 % de la population a moins de 25 ans, qui constituera une force de travail et d’innovation décisive. D’ici 2050, l’Afrique comptera 2,5 milliards d’habitants, dont 600 millions de jeunes supplémentaires en âge de travailler.
« Nous sommes à un tournant décisif qui commande de mettre la jeunesse au cœur de nos politiques de développement », a souligné le Président Faye. Le thème de cette édition du Forum, « jeunesse, fer de lance de la collaboration, de l’innovation et de la transformation des systèmes alimentaires », illustre cette orientation. Dans cette perspective, il a plaidé pour une transformation profonde de l’agriculture, fondée sur la modernisation des outils de production, le développement de semences adaptées au changement climatique, la maîtrise de l’eau et la transformation locale des produits. Le président a également mis l’accent sur la digitalisation et sur l’émergence de chaînes de valeur agricoles intégrées. Il a rappelé la déclaration de Maputo de 2023, « qui recommande l’allocation d’au moins 10 % des budgets nationaux à l’agriculture. »
Réformes
Selon Bassirou Diomaye Faye, le Sénégal s’inscrit déjà dans cette dynamique à travers son Agenda national de transformation, qui fait de l’agriculture un pilier de la souveraineté alimentaire. « Coopératives agricoles communautaires (CACs) infrastructures de stockage et mécanisation figurent parmi les réformes engagées », a-t-il souligné. Il a également insisté sur le rôle du commerce intra-africain, en particulier dans le cadre de la ZLECAf, et sur la mobilisation d’un secteur privé fort, capable d’investir dans l’agrobusiness et d’approvisionner les marchés locaux tout en exportant les surplus.
Pour conclure, le président de la République a lancé un appel à l’action collective. « Unissons nos volontés, mobilisons nos ressources, et faisons de la création de systèmes alimentaires robustes le moteur d’une renaissance africaine fondée sur la souveraineté et le développement partagé. »