jeudi, octobre 23, 2025

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Sénégal : L’État entame la relance de la Poste confrontée à d’énormes difficultés

Menacée par des pertes colossales et une gouvernance défaillante, la Société nationale La Poste engage une transformation structurelle. Réuni le 1er septembre 2025 à la Primature, le Conseil interministériel, présidé par le Premier ministre Ousmane Sonko, a adopté un plan de redressement et de relance. L’objectif phare est de sauver l’opérateur public et le préparer à devenir une Banque postale d’ici 2029.

Le diagnostic est sévère. En treize (13) ans, les effectifs sont passés de 2 600 à plus de 4 100 agents, soit une hausse de 60 % sans amélioration de productivité. La masse salariale a bondi de 40 %, alors que le chiffre d’affaires a chuté de 26 %. Fin 2024, les pertes cumulées dépassaient 100 milliards FCFA, les capitaux propres étaient négatifs de 156 milliards, et un déficit de 9 milliards affectait les dépôts des clients. Les filiales suivent la même trajectoire, Postefinances affiche des capitaux propres négatifs supérieurs à 17 milliards, minés par des fraudes de plus de 3 milliards, tandis qu’EMS Sénégal a perdu ses parts de marché stratégiques.

La situation logistique et sociale accentue la crise. Plus de 80 % du parc automobile est hors d’usage, et l’État a dû prendre en charge le paiement des salaires depuis octobre 2022, pour un coût annuel de 18 milliards FCFA. À cela s’ajoutent 15 années sans contrôle externe et six ans sans publication des états financiers, accentuant l’opacité.

Un plan de sauvetage immédiat

Face à cette situation, le Premier ministre Ousmane Sonko a tranché « La Poste ne doit pas disparaître. Elle doit être sauvée et transformée en un acteur moderne, compétitif et inclusif ». Le plan arrêté repose sur deux phases « le redressement d’ici fin 2025, puis la relance entre 2025 et 2029. » Les mesures les plus urgentes portent sur la recapitalisation du Groupe, l’actualisation de ses états financiers et l’apurement des dettes. L’État prévoit notamment une remise gracieuse de 6,2 milliards FCFA de dettes fiscales et l’effacement de 2 milliards de dettes sociales. La Caisse des Dépôts et Consignations mobilisera 5 milliards FCFA pour sécuriser les dépôts à Postefinances.

Un plan de départs négociés doit réduire les effectifs dès 2025, tandis qu’un nouveau Code des Postes et la création d’un Fonds de développement du service universel postal viendront moderniser la régulation. En parallèle, le gouvernement entend valoriser le patrimoine foncier, évalué à près de 150 sites, en partenariat avec le FONSIS et la CDC.

La relance repose sur une transformation stratégique « la mutation de Postefinances en Banque postale au plus tard en 2029, avec une ouverture aux capitaux privés. » Cette mutation vise à élargir l’offre de services financiers, accélérer la bancarisation dans les zones rurales et mobiliser l’épargne nationale et celle de la diaspora. « La Banque postale constituera un outil majeur de financement de l’économie et un levier d’inclusion », a déclaré le Premier ministre. Cette évolution permettra de mobiliser davantage l’épargne nationale, de bancariser les zones rurales et d’offrir des services financiers de proximité à moindre coût.

Parallèlement, La Poste sera repositionnée sur des segments porteurs. EMS Sénégal se verra confier le transport des valises diplomatiques, tandis que l’opérateur postal participera au paiement de masse via la plateforme Sen Trésor. L’État veut aussi développer le e-commerce transfrontalier, en lien avec les PME et les start-up locales, et lancer un service national de messagerie électronique pour doter les citoyens d’adresses officielles certifiées.

En redressant ses finances et en préparant son évolution en Banque postale, le gouvernement espère transformer l’entreprise « en acteur moderne et compétitif. »

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