Le gouvernement sénégalais a décidé de serrer la vis fiscale. Dans le cadre du Plan de Redressement Économique et Social (PRES) et de l’Agenda Sénégal 2050, une réforme du Code général des impôts élargit le champ des prélèvements à plusieurs secteurs sensibles. Jeux de hasard, tabac, alcool et transferts d’argent sont désormais dans le viseur de l’État, qui affiche une double ambition : mobiliser davantage de ressources endogènes et réguler des pratiques à risque.
Les amateurs de loteries et de paris sportifs verront 20 % de leurs gains directement prélevés à la source. Le gouvernement justifie cette mesure par la nécessité de protéger les jeunes contre l’addiction aux jeux et ses effets néfastes. Les montants collectés seront reversés par l’opérateur public en charge du monopole des jeux, dans un délai de quinze jours.
Le secteur du mobile money, en plein essor, n’échappe pas à la réforme. Désormais, une taxe de 0,5 % plafonnée à 2.000 F CFA s’applique sur chaque transfert, qu’il soit électronique, postal ou via code marchand. Par ailleurs, le droit de timbre de 1 %, jusque-là limité aux paiements de plus de 100.000 F CFA, est généralisé à toutes les transactions. Les dépôts et les petits retraits restent exonérés jusqu’à 20.000 F CFA.
La consommation d’alcool et de tabac est aussi frappée de plein fouet. Les droits sur les boissons alcoolisées importées passent de 50 % à 65 %, et ceux appliqués aux productions locales grimpent de 25 % à 40 %. Quant au tabac, le taux de taxation est relevé de 70 % à 100 %.
Avec cette batterie de mesures, l’État entend accroître ses recettes fiscales tout en orientant les comportements des consommateurs. Mais cette stratégie, qui touche de près les habitudes quotidiennes, ne manquera pas de susciter débat.