La République démocratique du Congo dispose d’un potentiel numérique considérable, mais encore largement sous-exploité. Un rapport de la GSMA, publié le 18 septembre 2025 à l’occasion du Digital Africa Summit, révèle que le pays pourrait ajouter 9 800 milliards de francs congolais (CDF) à son PIB et connecter 9,7 millions d’utilisateurs uniques supplémentaires à l’internet mobile d’ici 2029, à condition de mettre en œuvre des réformes ciblées.
Intitulée « Stimuler la croissance économique grâce à la transformation numérique en RDC », l’étude met en avant le rôle structurant des infrastructures mobiles comme catalyseur de croissance et d’inclusion. Les secteurs stratégiques tels que l’agriculture, les mines et les services publics pourraient générer à eux seuls plus de 8 600 milliards CDF de valeur économique additionnelle grâce à l’adoption accrue des technologies mobiles.
Une dynamique freinée par des obstacles structurels
La RDC, pays de plus de 100 millions d’habitants, se distingue par une population jeune, avide de services numériques. Le téléphone portable est le principal outil d’accès à internet et l’argent mobile un pilier de la vie quotidienne dans une économie encore faiblement bancarisée.
Cependant, seulement 45 % de la population bénéficie actuellement d’une couverture internet mobile. Le coût des terminaux et des forfaits reste prohibitif pour une large frange de la population, tandis que les zones rurales souffrent d’infrastructures insuffisantes et d’un accès limité à l’électricité. À cela s’ajoutent un cadre fiscal complexe et une réglementation lourde qui freinent les investissements.
En 2023, la contribution du secteur mobile au PIB national était estimée à 66 milliards USD, contre 63-64 milliards en 2022. Mais, selon la GSMA, ce potentiel reste bridé par l’environnement réglementaire.
Des réformes pour libérer la croissance
Pour transformer ces contraintes en opportunités, la GSMA recommande une feuille de route articulée autour de cinq priorités. La première consiste à moderniser les cadres fiscaux, en simplifiant la fiscalité sectorielle afin de réduire les coûts pour les consommateurs et d’encourager les investissements. La deuxième vise à renforcer la planification des infrastructures numériques et énergétiques, en particulier pour combler les lacunes d’accès dans les zones rurales.
La troisième priorité est l’accélération du développement des compétences numériques, via des partenariats public-privé pour former une main-d’œuvre adaptée à la nouvelle économie. La quatrième repose sur l’accès élargi au spectre et la réforme des licences, afin de garantir une disponibilité abordable et transparente. Enfin, la cinquième mise sur l’exploitation du mobile dans les services publics, qu’il s’agisse d’éducation, de santé ou d’administration.
Un enjeu de souveraineté économique
« La République démocratique du Congo a l’opportunité de franchir une étape décisive vers une économie numérique », souligne Angela Wamola, directrice Afrique de la GSMA. « Mais pour réaliser pleinement ce potentiel, des réformes en matière de fiscalité, de gestion du spectre et d’infrastructures énergétiques doivent être priorisées. L’industrie mobile est prête à collaborer avec le gouvernement pour offrir une croissance inclusive, portée par la technologie. »
En plus de réduire la fracture numérique, ces réformes pourraient transformer le mobile en levier de productivité pour des millions de Congolais. Elles s’inscrivent aussi dans une perspective d’attraction d’investissements internationaux, dans un pays qui ambitionne de diversifier son économie au-delà des mines.