À New York, à l’occasion de la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies, le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Sidi Ould Tah, a multiplié plaidoyers et rencontres pour défendre les priorités de l’Afrique en matière de développement. L’objectif est de mobiliser davantage de financements et bâtir des partenariats solides pour répondre aux défis structurels du continent.
L’un des points majeurs de son agenda est la 17ᵉ reconstitution des ressources du Fonds africain de développement (FAD), guichet de prêts concessionnels de la BAD. Prévue en décembre prochain, cette reconstitution intervient dans un contexte où l’aide au développement se réduit, rendant plus urgente la mobilisation de financements durables. « Le FAD demeure une source essentielle de financement pour 37 pays africains à faible revenu », a rappelé M. Ould Tah, soulignant que plusieurs pays africains ont déjà confirmé leur engagement à soutenir le Fonds.
Une vision stratégique articulée en quatre axes
Lors de plusieurs événements parallèles, Sidi Ould Tah a décliné sa vision stratégique en quatre priorités. D’abord, atteindre l’autosuffisance et libérer le potentiel de l’Afrique en valorisant ses ressources. Ensuite, réformer l’architecture financière africaine pour accroître la résilience du continent. Le troisième axe concerne la transformation démographique en dividende économique, avec un accent sur l’emploi des femmes et des jeunes. Enfin, il a insisté sur la nécessité de bâtir des infrastructures résilientes au climat et de créer davantage de valeur ajoutée sur place.
Depuis le début de la semaine, le président de la BAD a eu des échanges avec de nombreux dirigeants. Avec Amina J. Mohammed, vice-secrétaire générale de l’ONU, les discussions ont porté sur le renforcement de la coopération entre les deux institutions. « Il est nécessaire que les partenaires du développement travaillent de concert pour bâtir un nouveau système financier africain », a affirmé M. Ould Tah, insistant sur l’importance de la complémentarité des acteurs.
Avec Diene Keita, directrice exécutive de l’UNFPA, il a souligné que la santé maternelle était indissociable de sa vision démographique : « Il faut investir dès aujourd’hui dans les mères et les filles », a-t-il plaidé, liant cette priorité à la création future de richesses.
Au cours de son entretien avec le président du Botswana, Duma Gideon Boko, les échanges ont porté sur la diversification de l’économie au-delà du diamant et sur les infrastructures. « Il est impératif d’investir dans l’interconnexion ferroviaire pour positionner le Botswana sur les corridors commerciaux régionaux », a insisté le président botswanais. M. Ould Tah a répondu en rappelant que la valorisation des ressources naturelles constituait un levier majeur pour l’emploi des jeunes.
Le président de la BAD a également rencontré Sheikh Shakhboot Nahyan Al Nahyan, ministre d’État des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, qui a assuré que son pays était « prêt à soutenir la mission de la Banque de toutes les manières possibles ».
L’énergie et l’intégration au cœur des initiatives
Mercredi, Sidi Ould Tah doit participer au lancement des Accords nationaux sur l’énergie, dans le cadre de la Mission 300, une initiative conjointe avec la Banque mondiale. Celle-ci ambitionne de fournir de l’électricité à 300 millions d’Africains d’ici 2030, un objectif jugé crucial pour l’inclusion économique et sociale.
Une réunion trilatérale est également programmée avec Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine, et Claver Gatete, secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique. Cette rencontre doit porter sur les grands enjeux continentaux, notamment la paix, la sécurité et l’intégration régionale.
Un plaidoyer pour une architecture financière adaptée
En marge de ses rencontres, Sidi Ould Tah a rappelé que les défis de l’Afrique ne se résument pas au financement. Il a insisté sur la fragilité socio-économique, le changement climatique et la nécessité de repenser les mécanismes existants. Pour lui, l’Afrique doit non seulement capter davantage de ressources, mais surtout réformer son architecture financière afin d’assurer une meilleure efficacité.
« La résilience et l’engagement de l’Afrique face aux défis actuels sont réels », a-t-il déclaré, mais ceux-ci nécessitent des partenariats plus solides et un système mieux adapté aux besoins spécifiques du continent.