Professeur titulaire des Université, l’Enseignant-Chercheur en finance, Mohamed Lamine Mbengue, fut également membre du Comité scientifique de l’Autorité des Marchés Financiers de l’Union Monétaire Ouest Africaine (AMF-UMOA) (2020-2024). Il revient sur la contribution des SGI sénégalaises dans le fonctionnement du marché financier régional. Il les invite à mener des actions de sensibilisation pour une introduction en bourse des entreprises familiales sénégalaises et à accompagner les collectivités locales à produire des comptes financiers et des budgets équilibrés en recettes et dépenses.
Selon vous, quels rôles jouent les SGI sénégalaises dans la vulgarisation de la culture boursière et la sensibilisation des investisseurs ?
Les SGI sont des acteurs majeurs et les principaux animateurs du marché financier régional. Les SGI dans l’espace UEMOA organisent des campagnes de communication et des ateliers pour informer les populations sur les avantages de l’épargne en bourse.
Le démarrage du marché financier n’a pas été accompagné par des actions de sensibilisation d’éducation et de de formation sur la culture boursière. La faible culture boursière peut s’expliquer par le niveau faible d’alphabétisation et d’instruction dans la zone UEMOA, les aspects socioculturels qui déterminent les comportements et les choix d’épargne et d’investissement, le manque d’implication du monde académique dans le projet de construction d’un marché financier régional.
Les SGI doivent améliorer la communication sur l’intérêt et l’accès en bourse. Il faut organiser des émissions à la télévision sur les réseaux sociaux, proposer des podcasts en langues nationales pour définir la bourse et son rôle dans l’économie.
Dans quelle mesure les SGI favorisent-elles la mobilisation de l’épargne nationale au service du financement des entreprises sénégalaises et de l’Etat ?
Depuis la création du marché financier régional, les SGI ont accompagné le financement de l’Etat du Sénégal pour les emprunts par appel public à épargne, donc la mobilisation de l’Epargne nationale. Par contre, pour les entreprises sénégalaises, la mobilisation des ressources avec l’accompagnement des SGI est faible. On peut citer quelques exemples : les ICS, (2005), la SENELEC (2008), le Port Autonome de Dakar (2011). Une forte sensibilisation doit être menée par les SGI pour les introductions en bourse des entreprises familiales sénégalaises. Les SGI et le Bureau de mise à niveau doivent également accompagner les collectivités locales à produire des comptes financiers et des budgets équilibrés en recettes et dépenses pour les cinq prochaines années et se faire noter par les agences comme GCR (ex WARA) ou Bloomfield. Le cadre réglementaire de l’AMF-UMOA permet aux collectivités territoriales dans l’espace UEMOA de lever des fonds sur le marché financier régional.
Comment les SGI pourraient-elles mieux tirer parti de la digitalisation et des fintechs pour élargir leur impact, notamment en matière d’inclusion financière ?
Le développement rapide des fintechs ces dernières années a été rendu possible par la conjugaison de plusieurs facteurs que sont l’attrait croissant du public pour les solutions numériques, les évolutions dans le domaine du stockage et la gestion des données, ainsi qu’une population jeune de plus en plus encline à l’utilisation des Technologies de l’Information et de la Communication.
L’inclusion financière vise à rendre les services financiers accessibles à tous. Les solutions numériques (Technologie mobile, internet) sont des outils nécessaires pour les SGI pour proposer des services aux investisseurs et élargir leur impact notamment en matière d’inclusion financière. Il est important pour faciliter l’accès de simplifier l’utilisation des plateformes numériques.
À votre avis, quelles perspectives s’ouvrent aux SGI sénégalaises dans le contexte actuel marqué par la montée de l’économie numérique et l’intégration financière régionale ?
Les SGI sénégalaises peuvent développer des plateformes numériques, encourager l’achat et la vente des titres en ligne. Le numérique favorise la modernisation des entreprises offrant aux SGI de nouveaux domaines d’intervention et des partenaires potentiels dans ce processus de transformation. En investissant dans le numérique, les SGI peuvent offrir des services aux populations qui n’y ont pas accès. Pour les perspectives liées à l’intégration financière régionale on peut citer l’élargissement du marché, plus de transactions financières transfrontalières, l’accroissement des opportunités d’investissement et le partage de bonnes pratiques, mais également l’interopérabilité des systèmes qui facilite la collaboration des SGI sénégalaises avec les autres SGI et Banques. Le lancement officiel de la plateforme interopérable du système de paiement instantané par la BCEAO est même prévu le 30 septembre 2025.
