Le budget 2026 du Sénégal prévoit une hausse significative des recettes et un recentrage sur la mobilisation interne. Selon le document officiel des Voies et Moyens annexé au projet de loi de finances, les recettes globales de l’État sont évaluées à 6 188,79 milliards FCFA, contre 5 014,34 milliards FCFA en 2025, soit une hausse de 1 174,46 milliards FCFA ou de plus 23,42 %. Cette évolution traduit la volonté du gouvernement de renforcer la mobilisation interne dans un contexte de redressement budgétaire et de souveraineté financière.
Les recettes fiscales demeurent le principal pilier du budget, représentant 87 % du total, avec un volume projeté à 5 384,80 milliards FCFA, en hausse de 23,52 % par rapport à l’année précédente. Ce bond repose sur la consolidation des impôts directs et indirects, respectivement attendus à 1 907,71 milliards FCFA et 3 477,09 milliards FCFA. L’administration fiscale mise notamment sur l’élargissement de l’assiette, la modernisation du recouvrement et la digitalisation intégrale des procédures.
Les recettes non fiscales enregistrent la plus forte progression relative, passant de 119,95 milliards FCFA à 228,22 milliards FCFA, soit +90,26 %. Cette hausse est portée par la revalorisation des revenus du domaine de l’État, dont les recettes atteignent 193,9 milliards FCFA, mais aussi par l’amélioration des recouvrements sur les amendes, frais administratifs et redevances diverses. Parallèlement, les produits financiers, essentiellement composés de dividendes perçus par l’État sur ses participations publiques, augmentent de 51,47 %, pour s’établir à 106,13 milliards FCFA.
En revanche, les ressources externes (dons et legs) reculent de 21,85 %, à 191,46 milliards FCFA, illustrant une orientation claire vers la réduction de la dépendance vis-à-vis des financements extérieurs. Cette tendance est en phase avec les objectifs fixés dans la Stratégie de Mobilisation des Recettes à Moyen Terme (SRMT), qui met l’accent sur trois axes, à savoir « l’élargissement de la base fiscale, la maturité digitale et la rénovation de la gouvernance fiscale. »
Le gouvernement entend ainsi ramener progressivement le déficit budgétaire à 3 % du PIB et la dette publique à 70 %, en conformité avec les critères de convergence de l’UEMOA. L’enjeu est d’autant plus crucial que le pays sort d’une période marquée par une dette représentant 119 % du PIB et un déficit de 12 % en 2024, aggravés par la suspension du programme avec le FMI.
La loi de finances 2026 s’inscrit donc dans une perspective de redressement durable, soutenue par la reprise de la croissance, estimée à 7,8 % en 2025 et à 5,5 % en moyenne sur la période 2026-2028, notamment grâce à l’exploitation des hydrocarbures de Sangomar et GTA. Elle s’appuie également sur un cadre stratégique renouvelé, combinant la Vision Sénégal 2050, la SND 2025-2029 et le Plan de Relance “Jubbanti Koom”, qui visent à bâtir un Sénégal souverain, juste et prospère.
Enfin, les comptes spéciaux du Trésor, qui regroupent notamment le Fonds national de retraite, le Fonds de stabilisation et le Fonds intergénérationnel, atteignent 256,68 milliards FCFA, en progression de 16,84 %. Leur contribution à la soutenabilité budgétaire traduit une meilleure maîtrise des équilibres publics et une volonté de renforcer les instruments de gestion financière à long terme.