Le Fonds monétaire international (FMI) poursuit l’examen de la dette publique du Sénégal, un exercice jugé déterminant pour la reprise du programme d’appui suspendu depuis l’an dernier. « Le FMI et la Banque mondiale travaillent conjointement à la finalisation d’une analyse actualisée de la viabilité de la dette », a déclaré jeudi 13 novembre Julie Kozack, porte-parole de l’institution, lors d’un point de presse à Washington.
Selon elle, l’analyse vise à « évaluer la dynamique de la dette » et à déterminer si la stratégie de financement du gouvernement sénégalais reste soutenable. « Nous nous concentrons également sur l’évaluation de la viabilité de la stratégie de financement de l’autorité et des mesures qu’elle peut prendre pour rétablir sa crédibilité », a ajouté Mme Kozack, précisant que « les discussions avec Dakar se poursuivraient dans les semaines à venir. »
L’examen de la dette constitue une étape clé avant toute reprise de financement du FMI au Sénégal. La mission du Fonds, qui s’était rendue à Dakar au début du mois de novembre, s’était achevée sans qu’un nouvel accord soit trouvé. L’ancien programme d’aide, d’un montant de 1,8 milliard de dollars (environ 1 120 milliards FCFA), avait été suspendu en 2024 après la révélation d’une dette cachée estimée à 7 milliards de dollars (plus de 4 300 milliards FCFA), accumulée entre 2019 et 2024 sous l’ancien gouvernement.
Ces révélations ont profondément bouleversé la trajectoire budgétaire du pays et accentué les tensions sur les marchés financiers. Face à cette situation, le Premier ministre Ousmane Sonko a écarté toute restructuration de la dette, réaffirmant la volonté du gouvernement de maintenir ses engagements vis-à-vis des créanciers. « Il n’est pas question pour le Sénégal d’engager un processus de restructuration », avait-il déclaré, estimant que « le pays disposait encore de marges de manœuvre suffisantes pour honorer ses obligations. »
Julie Kozack a toutefois tenu à rassurer sur la position du Fonds. « Le personnel et la direction ne demanderont pas de remboursement anticipé au FMI », a-t-elle précisé, soulignant que « cette décision serait examinée ultérieurement par le conseil d’administration de l’institution. » Ce travail s’inscrit dans un contexte de forte pression budgétaire : selon les dernières estimations, la dette publique du Sénégal avoisinerait 132 % du PIB, un niveau jugé préoccupant par plusieurs agences de notation, dont Moody’s, qui a dégradé la note souveraine du pays à trois reprises en un an. Les autorités ont engagé plusieurs réformes pour améliorer la transparence budgétaire et centraliser la gestion de la dette.


