L’Assemblée nationale a adopté la deuxième loi de finances rectificative (LFR 2) pour l’année 2025, marquant un réaménagement du cadre budgétaire initial afin de tenir compte de nouvelles contraintes économiques et institutionnelles. Le texte vise notamment à intégrer une baisse des recettes budgétaires évaluée à 137,8 milliards de FCFA, à régulariser certaines dépenses et à ajuster le budget à la nouvelle architecture gouvernementale issue du remaniement de septembre.
Selon le document soumis aux députés, les ajustements opérés s’expliquent par « la constatation d’une baisse des recettes budgétaires, la régularisation des dépenses budgétaires, notamment les décrets d’avance, l’ajustement des dépenses financées sur ressources extérieures ainsi que la mise en conformité avec la nouvelle architecture gouvernementale ». Les moins-values concernent à la fois les recettes internes et externes, dans un contexte marqué par des évolutions sur le front des financements extérieurs.
En parallèle, la LFR 2 intègre plusieurs nouvelles dépenses jugées prioritaires par le gouvernement. Une enveloppe de 6 milliards de FCFA est ainsi prévue pour le règlement des salaires de la Sonaged et le paiement des prestations des concessionnaires du nettoiement. Le texte prévoit également un complément de bourses des étudiants pour un montant de 11,8 milliards de FCFA, ainsi que la prise en charge partielle des dettes dues aux repreneurs des universités, évaluée à 9,6 milliards de FCFA.
D’autres postes concernent les investissements dans l’enseignement supérieur et la sécurité. Le budget intègre la couverture du reliquat de paiement du projet de construction des résidences universitaires dans le cadre des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) 2026, pour un montant de 6,5 milliards de FCFA. Il prévoit aussi le renforcement de la dotation destinée à l’alimentation des forces de défense et de sécurité, à hauteur de 5,2 milliards de FCFA.
L’un des éléments marquants de cette loi de finances rectificative est la prise de participation de l’État dans le capital de l’Africa Finance Corporation (AFC), pour un montant de 8,4 milliards de FCFA. Cette opération vise à renforcer la présence du Sénégal au sein de cette institution financière panafricaine et à soutenir les ambitions de financement de projets structurants.
Commentant la baisse des recettes, le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, a tenu à relativiser la portée de cette évolution. « Nous n’avons pas le complexe de corriger quand il faut le faire. Moins-value, ça ne signifie pas que les régies financières ne sont pas performantes. Nous sommes à un taux de 99,5 %. En glissement annuel, nous sommes à plus de 11 % par rapport à 2024 », a-t-il déclaré devant les députés.
S’agissant des recettes extérieures, le ministre a expliqué que leur recul est en partie lié à l’absence d’accord avec le Fonds monétaire international. « Les recettes externes sont constituées de dons budgétaires et de dons en capital. Les dons budgétaires ont connu une baisse de 35 milliards de FCFA. Ce point est impacté par l’absence d’accord avec le FMI. Cela ne veut pas dire que l’image du Sénégal est écornée », a insisté Cheikh Diba. Il a assuré qu’« il n’y a aucun problème avec le FMI » et qu’un programme est « à conclure bientôt », soulignant que « l’image du Sénégal a pris un lifting dans le sens positif grâce à un travail inédit de transparence ».
Enfin, le ministre a indiqué que le remaniement ministériel de septembre, ayant conduit à la fusion de certains départements, a également nécessité des ajustements budgétaires à travers des décrets de transfert, contribuant à l’élaboration de cette deuxième loi de finances rectificative.


