Dans le secteur bancaire sénégalais, Adama Diouf imprime sa marque. La Directrice générale de La Banque Outarde (LBO) impulse le leadership féminin en responsabilisant les femmes qui représentent 48% de son personnel. Dans cette interview, Adama Diouf retrace son parcours et analyse la montée en puissance de ce leadership féminin sur la place financière de Dakar. À ses yeux, diriger une banque, c’est prendre des décisions stratégiques ayant un impact direct et significatif.

Pouvez-vous retracer votre parcours professionnel et académique ?

Mon parcours est le fruit d’un apprentissage constant, enrichi par plus de 22 ans d’expérience dans le secteur bancaire en zone UEMOA. Après une maîtrise en économétrie à l’Université Paris 1 et un DEA en Modélisation et Analyse Quantitative à Paris X, j’ai complété ma formation avec un Exécutive MBA à HEC Paris.

Ma carrière a débuté chez Citigroup Sénégal en 2001, où j’ai acquis les bases solides de ma formation professionnelle. Par la suite, j’ai occupé plusieurs postes de management, notamment à Diamond Bank Sénégal, avant de prendre la direction de Diamond Bank Côte d’Ivoire en 2015, puis celle de Diamond Bank Sénégal (devenue NSIA Banque Sénégal) jusqu’en décembre 2023. En août 2024, j’ai été nommée Directrice générale adjointe de NSIA Banque Bénin et ses succursales, supervisant prioritairement le Togo et le Sénégal, avant de rejoindre La Banque Outarde-LBO, en tant que Directrice générale. Chaque étape de ce parcours m’a permis de relever de nouveaux défis et d’affiner mes compétences pour contribuer au développement du secteur bancaire, aujourd’hui au service de La Banque Outarde et de l’économie sénégalaise.

Quelle appréciation faites-vous, aujourd’hui, de la place des femmes dans l’écosystème bancaire et financier sénégalais ?

Des progrès considérables ont été réalisés au fil des années. Aujourd’hui, les femmes occupent de plus en plus de postes de responsabilité dans le secteur bancaire. Toutefois, un plafond de verre existe toujours pour les femmes, hérité d’un environnement historiquement dominé par les hommes. L’accès aux postes notamment de responsabilité reste un défi.

À La Banque Outarde, nous avons franchi une étape importante en comptant près de 48 % de notre personnel féminin, ce qui témoigne de notre engagement en faveur de l’égalité et de la diversité. Je suis convaincue que l’alliance de rigueur, de compétence et de bienveillance ouvrira la voie à une plus grande présence féminine dans les postes de leadership. En tant que leader, je m’efforce de démontrer que le leadership féminin est non seulement possible, mais essentiel pour l’avenir du secteur. À travers mes actions, je souhaite prouver que les femmes ont leur place partout, sans compromis sur les résultats, la qualité et l’équilibre social.

Être Directrice générale d’une banque, qu’est-ce que cela vous inspire comme challenge et responsabilité ?

Être Directrice générale d’une banque est une grande responsabilité. Diriger une banque, c’est prendre des décisions stratégiques ayant un impact direct et significatif. Cette position exige rigueur, capacité d’adaptation, mais aussi une attention particulière aux collaborateurs et aux clients.

Au-delà des résultats financiers, il est essentiel de garantir une gestion responsable, conforme à la réglementation, et alignée avec les valeurs de l’institution. Le challenge consiste à équilibrer la dynamique lancée pour atteindre les objectifs stratégiques de la banque, tout en restant fidèle à nos principes de responsabilité sociale.

Ma mission est de créer un environnement où chaque collaborateur, homme ou femme, se sent valorisé et soutenu, non seulement dans l’accomplissement de ses responsabilités professionnelles, mais aussi dans la conciliation de sa vie personnelle avec ses ambitions professionnelles. Je suis consciente des défis à venir pour La Banque Outarde-LBO, mais je suis convaincue qu’avec détermination, rigueur et passion, nous franchirons chaque étape vers notre succès.

Peut-on parler d’une approche différente de management dans le secteur financier entre les hommes et les femmes ?

Chaque leader, homme ou femme, développe son propre style de management, influencé par son parcours et ses expériences. Toutefois, il est souvent observé que les femmes adoptent une approche nuancée par leur sensibilité et leur rigueur, mais qui se révèlent être une grande force. Cette approche est un atout majeur dans un secteur où la capacité à fédérer, à comprendre les besoins des collaborateurs et à anticiper les défis est essentielle.

À La Banque Outarde, nous cultivons un environnement fondé sur l’équité, la rigueur et l’initiative. Mon rôle est de m’assurer que chaque collaborateur puisse s’épanouir dans ses responsabilités et sa vie personnelle, tout en contribuant à notre réussite collective. Je crois que la diversité des styles de management, qu’ils soient masculins ou féminins, crée une dynamique complémentaire qui renforce la performance globale de notre institution, au service de nos clients.

Quels sont, selon vous, les principaux facteurs ayant favorisé cette montée en puissance du leadership féminin dans le secteur bancaire où généralement les instances de décisions sont souvent sous le contrôle des hommes ?

Cette évolution résulte de plusieurs facteurs : un changement progressif des mentalités, tant dans la société que dans le secteur bancaire, une reconnaissance accrue de l’importance de la diversité, et l’émergence de modèles de management féminin qui ont prouvé leur efficacité. Aujourd’hui, les femmes bénéficient d’une plus grande visibilité et du soutien nécessaire de leur famille, pour accéder aux postes de direction.

À La Banque Outarde, nous avons choisi d’accompagner nos talents, qu’ils soient hommes ou femmes, en leur offrant des opportunités de développement. Nous croyons fermement que la qualité du leadership repose sur la rigueur, l’intégrité et la capacité à fédérer une équipe autour d’un objectif commun. Il est également essentiel pour les femmes leaders de montrer l’exemple et d’accompagner les jeunes générations à travers le mentorat. Cela dépasse la simple question de genre ; il s’agit de prouver qu’il n’y a aucune barrière pour ceux qui ont les compétences et la volonté de réussir.

Quels sont vos projets en perspectives pour les années à venir, concernant La Banque Outarde ?

Les projets de La Banque Outarde pour 2025 sont ambitieux, et notre vision pour l’avenir est claire : Développer la LBO en tant que banque sénégalaise de référence et jouer pleinement notre rôle citoyen en soutenant les secteurs stratégiques de l’économie sénégalaise et en contribuant à l’inclusion financière, à travers des solutions innovantes et adaptées aux besoins de la clientèle, y compris les PMEs dirigées par les femmes.

Notre stratégie de croissance responsable repose sur le développement de nos canaux de distribution pour mieux répondre aux attentes de nos clients, l’innovation et une offre de produits et services adaptée aux différents segments de la clientèle, tout en assurant un service de qualité et de proximité .

Nous sommes convaincus que la réussite de La Banque Outarde dépend avant tout de la passion et de l’engagement. Grâce à cette énergie collective, nous franchirons chaque étape nécessaire à notre succès et à notre ambition de devenir un acteur majeur du secteur bancaire sénégalais. Nous voulons que chaque étape de notre transformation soit perçue comme un progrès tangible, non seulement pour nos clients et collaborateurs, mais aussi pour la société sénégalaise, en renforçant notre impact sur l’inclusion financière et l’économie locale.

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