Dans cet entretien, Adji Sokhna Mbaye, Directrice Générale de BOAD-Titrisation, revient sur leur dernière opération « Doli-p 2024-2031 » clôturée avec succès. Elle explique les facteurs explicatifs de l’émergence de la Titrisation, un instrument de financement en plein essor et courtisé par des entreprises et des institutions financières.
Tout récemment, BOAD Titrisation a clôturé avec succès l’opération « Doli-p 2024-2031 » en mobilisant 160 milliards de FCFA. Qu’est-ce qui explique la réussite de cette émission ?
La réussite de cette opération repose sur divers éléments essentiels. Tout d’abord, la première phase du programme Doli-P, qui avait permis de mobiliser 150 milliards de FCFA, a été un véritable tremplin. Cette première réussite, couronnée par le prix de l’opération innovante lors des BRVM Awards 2024, a renforcé la confiance des investisseurs.
Ensuite, notre capacité à structurer une opération financière qui répondait aux attentes d’une base d’investisseurs à la fois régionale et internationale, a joué un rôle majeur dans ce succès. La qualité des actifs sous-jacents, la robustesse de la structuration, et l’innovation introduite avec une tranche mezzanine ont particulièrement attiré l’attention.
En fin de compte, cette opération reflète la confiance renouvelée des investisseurs, leur intérêt croissant pour les outils de financement novateurs, et leur soutien dans l’optique de stimuler le développement économique de la région.
De plus en plus, des institutions financières et des entreprises font recours à la titrisation pour lever des fonds sur le marché régional de l’UEMOA (BRVM). Comment expliquez-vous l’émergence de cet instrument de financement ?
L’émergence de la titrisation s’explique par les besoins croissants en financements flexibles et innovants des institutions financières et des entreprises. Elles cherchent des alternatives aux financements classiques, comme les prêts bancaires, souvent contraignants et moins flexibles.
Dans cette optique, la titrisation offre une solution attrayante pour des projets d’envergure permettant de transformer des actifs en liquidités immédiates. Dans le contexte de l’UEMOA, où les besoins en infrastructures, en énergie, et en développement économique sont cruciaux, la titrisation devient un levier de financement stratégique. Les entreprises ont bien compris qu’il s’agit d’un outil de gestion de bilan efficace, permettant de diversifier les sources de financement tout en attirant des investisseurs variés, nationaux et internationaux.
Comment la titrisation peut-elle être une alternative au financement bancaire pour nos entreprises ?
La titrisation se distingue du crédit bancaire traditionnel par sa flexibilité. Alors que l’accès aux crédits bancaires peut être soumis à des conditions strictes, la titrisation offre une option où les entreprises peuvent mobiliser des ressources à partir de leurs propres actifs, comme des créances. Cela leur permet non seulement de générer des liquidités sans accroître leur dette, mais aussi de transférer certains risques à des investisseurs externes.
En outre, ce mécanisme répond à des besoins spécifiques des entreprises en termes de financement rapide et à grande échelle, tout en maintenant une gestion proactive de leurs bilans. Ce modèle est particulièrement adapté à la situation actuelle de nos économies en pleine croissance, où les entreprises doivent avoir accès à des ressources variées et adaptées à leur stratégie de développement.
Envisagez-vous d’autres opérations de levées de fonds prochainement à travers la titrisation ?
Absolument. La titrisation est un pilier fondamental de notre stratégie à long terme, et nous avons d’ores et déjà plusieurs projets en cours. Ces initiatives couvriront divers secteurs d’activité, allant de l’immobilier aux énergies renouvelables, en passant par les infrastructures. Notre ambition est de continuer à innover dans la structuration de ces opérations, tout en accompagnant nos partenaires à saisir les opportunités offertes par cet instrument de financement.
Notre rôle, en tant que BOAD Titrisation, est non seulement de soutenir les projets de la BOAD, mais aussi de proposer nos services à un large éventail d’acteurs économiques en Afrique de l’Ouest. Nous nous adressons, aussi bien aux institutions publiques qu’aux entreprises du secteur privé, afin de soutenir la transformation structurelle de nos économies.
Propos recueillis par Dr Abdou DIAW