mardi, septembre 9, 2025

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CCDA-XIII : Face à un déficit de 160 milliards de dollars par an, l’Afrique réclame des financements à la hauteur

L’Afrique fait face à un déficit de financement climatique estimé à 160 milliards de dollars par an, alors même qu’elle ne reçoit que 3 % des flux mondiaux destinés au climat. C’est l’un des constats majeurs de la 13ᵉ Conférence sur le changement climatique et le développement en Afrique (CCDA-XIII), qui s’est tenue du 5 au 7 septembre avec plus de 250 participants – décideurs politiques, scientifiques, représentants de la société civile et jeunes leaders.

Le continent, qui ne contribue qu’à moins de 4 % des émissions mondiales, abrite pourtant 9 des 10 pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Pour Anthony Nyong, directeur du département du changement climatique et de la croissance verte à la Banque africaine de développement (BAD), « cet écart est inacceptable ». La BAD prévoit de mobiliser 4 milliards de dollars d’ici 2025 par le biais de son Guichet d’action climatique pour soutenir les États fragiles et vulnérables.

Les débats de la conférence ont débouché sur un appel en faveur d’un programme climatique africain cohérent et fondé sur des données probantes. Les recommandations techniques doivent nourrir la Déclaration d’Addis-Abeba et guider la position commune du continent lors de la COP30, prévue à Belém, au Brésil.

Mithika Mwenda, directrice exécutive de l’Alliance panafricaine pour la justice climatique, a insisté sur l’urgence d’une réponse : « L’Afrique ne peut se permettre de se laisser piéger dans des promesses sans fin alors que nos populations souffrent. La justice passe par le financement des solutions africaines, et non par des dons caritatifs. »

Parmi les priorités retenues, la transformation du financement climatique occupe une place centrale. L’Afrique doit mobiliser entre 2 500 et 3 000 milliards de dollars par an d’ici 2030, en développant des instruments comme les obligations vertes et le financement mixte. L’objectif affiché est que 10 % des flux financiers mondiaux contribuent à créer une main-d’œuvre verte sur le continent.

La conférence a aussi mis en avant la nécessité de combler les lacunes scientifiques. « Si nous ne comblons pas les lacunes en matière de connaissances, nos populations resteront exposées à des risques que nous ne pourrons ni anticiper ni gérer », a averti James Kinyangi, coordinateur du Fonds spécial ClimDev-Afrique. Les investissements dans les données climatiques et les systèmes d’alerte précoce sont jugés essentiels.

Au-delà des chiffres, les participants ont insisté sur une transition énergétique juste. L’accès universel à l’électricité doit être au cœur des priorités, de même que la valorisation des minéraux critiques et le positionnement de l’Afrique comme futur hub mondial de l’hydrogène vert et de l’industrialisation à base d’énergies renouvelables. Les écosystèmes africains, qu’il s’agisse de forêts, de zones humides ou de tourbières, doivent être considérés comme des biens publics mondiaux.

La gouvernance climatique fait également l’objet d’un appel à rationalisation. Sous l’égide de l’Union africaine, les États sont invités à intégrer le climat dans leurs plans nationaux et à renforcer leur capacité de négociation pour peser davantage sur la scène internationale.

Enfin, la conférence a rappelé la responsabilité des pays développés. Les participants demandent le respect de l’engagement de 300 milliards de dollars de financement climatique annuel d’ici 2035, la définition d’un objectif mondial d’adaptation et la mise en place de régimes de taxation du carbone plus équitables.

Claver Gatete, secrétaire général adjoint de l’ONU et secrétaire exécutif de la CEA, a résumé l’esprit de la rencontre : « Cette conférence n’était pas une fin en soi. L’Afrique n’attend pas que l’on agisse pour elle. Nous façonnons notre destin, tirons parti de nos ressources et apportons des solutions au monde. »

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