Par G.Albert LAMBONI, Expert en Finances publiques
L’épargne intérieure désigne l’ensemble des ressources financières générées à l’intérieur d’un pays par les ménages, les entreprises et le gouvernement. En d’autres termes, c’est l’argent que nous mettons de côté et que nous réinvestissons dans notre propre économie.
Imaginez si les riches Africains décidaient d’investir leurs revenus en Afrique plutôt qu’en dehors du continent. Et si les 80% d’Africains qui n’ont pas de compte en banque avaient accès aux services financiers du secteur bancaire conventionnel. Et si les gouvernements africains investissaient leurs revenus nationaux de manière productive.
« Les taux d’épargne augmenteraient considérablement et l’Afrique pourrait peut-être satisfaire ses besoins en ressources financières et au-delà », explique Samuel Gayi, économiste principal pour l’Afrique à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) de Genève.
En encourageant ces actions et en créant un environnement propice à l’investissement domestique, nous pourrions voir une transformation significative de nos économies. L’épargne intérieure pourrait devenir un moteur essentiel de la croissance économique, de la création d’emplois et du développement durable sur le continent africain.
Pourquoi encourager l’épargne intérieure ?
Stimuler l’investissement : En augmentant notre épargne intérieure, nous disposons de plus de fonds disponibles pour investir dans nos entreprises, nos infrastructures et nos projets de développement. Cela stimule la croissance économique et crée des emplois.
Réduire la dépendance extérieure : En comptant davantage sur nos propres ressources, nous réduisons notre dépendance à l’égard des capitaux étrangers. Cela nous rend plus autonomes et plus résilients face aux fluctuations des marchés internationaux.
Renforcer la stabilité financière : En ayant une base solide d’épargne intérieure, nous sommes mieux préparés à faire face aux crises économiques et financières. Cela renforce la stabilité de notre système financier et protège notre économie.
Comment pouvons-nous mobiliser plus de ressources intérieures dans les pays de l’UEMOA ?
Promouvoir la culture de l’épargne : Sensibiliser les citoyens à l’importance de l’épargne et encourager les bonnes pratiques d’épargne à tous les niveaux de la société.
Faciliter l’accès aux services financiers : Mettre en place des politiques et des infrastructures qui rendent l’accès aux services bancaires et financiers plus facile et plus abordable pour tous.
Optimiser la gestion des finances publiques : Veiller à ce que les gouvernements gèrent de manière responsable les finances publiques et favorisent un environnement propice à l’investissement et à la croissance.
La maxime bien connue dans les écoles de gestion est : « Revenu égal consommation plus épargne. »
Les entreprises privées jouent un rôle crucial dans la mobilisation de l’épargne intérieure sur le marché financier. Cette démarche stimule les investissements, favorise le recrutement et contribue à la réduction du chômage. De plus, elle entraîne une augmentation de la production et des ventes de produits, dynamisant ainsi l’économie dans son ensemble. Une économie florissante conduit à une amélioration du revenu par personne et à l’élévation des conditions de vie de la population.
Encourager l’épargne intérieure est essentiel pour stimuler la croissance économique, mais il est également important de veiller à éviter l’effet d’éviction entre l’État et les entreprises privées.
L’État doit créer un cadre réglementaire et fiscal qui encourage les entreprises privées à investir tout en assurant la protection des intérêts publics. Exemple incitation fiscale dans le secteur de l’agriculture moderne et la transformation et le conditionnement des produits utiles à la consommation de la population.
L’État devrait garantir que les entreprises publiques ne bénéficient pas d’avantages indus qui pourraient désavantager les entreprises privées sur le marché.