La capacité de l’Afrique à attirer des investissements massifs dans son secteur énergétique dépend avant tout de la qualité de son environnement réglementaire et institutionnel. Dans un contexte de raréfaction des capitaux et de montée des exigences en matière de gouvernance, « des régimes fiscaux stables, des conditions contractuelles prévisibles et des mesures de lutte contre la corruption » constituent désormais des leviers décisifs pour réduire les risques et sécuriser les engagements à long terme des investisseurs.
L’Algérie illustre cette dynamique. En 2025, la confiance des investisseurs dans son secteur énergétique s’est renforcée, portée par une série d’accords structurants. En octobre, la compagnie nationale Sonatrach a annoncé un partenariat de 5,4 milliards de dollars avec la société saoudienne Midad Energy pour l’exploration et le développement de nouveaux gisements dans le bassin d’Illizi. Le pays a également engagé des négociations avancées avec ExxonMobil et Chevron en vue d’un accord inédit permettant aux groupes américains d’accéder à ses réserves de gaz naturel. Plus tôt dans l’année, Sonatrach et la société chinoise Sinopec ont signé un protocole d’accord pour évaluer conjointement les ressources des bassins de Gourara et Berkine-Est.
Selon la Chambre africaine de l’énergie (AEC), ces opérations reflètent des réformes ciblées mises en œuvre ces dernières années, notamment la simplification des procédures administratives, l’amélioration de la transparence contractuelle et l’ouverture accrue aux partenariats internationaux. Cette stratégie permet à l’Algérie d’attirer des acteurs majeurs comme Eni, Equinor ou TotalEnergies, dans un environnement continental pourtant marqué par une forte concurrence pour l’accès aux capitaux.
L’enjeu est considérable. Le rapport « The State of African Energy: 2026 Outlook Report » estime que l’Afrique détient environ 125 milliards de barils de réserves prouvées de pétrole et près de 625 000 milliards de pieds cubes de gaz naturel en 2025. La production d’hydrocarbures devrait se maintenir autour de 11,4 millions de barils équivalent pétrole par jour, mais ce niveau nécessite des investissements continus pour compenser l’épuisement des gisements et le vieillissement des infrastructures. L’AEC évalue le déficit annuel de financement énergétique du continent entre 31,5 et 45 milliards de dollars, alors que les investissements extérieurs moyens, estimés à 35 milliards de dollars par an entre 2020 et 2030, restent insuffisants.
Dans ce contexte, les lenteurs réglementaires et l’instabilité des cadres juridiques constituent des freins majeurs. Des pays comme l’Angola et la Guinée équatoriale ont engagé des réformes visant à rationaliser les autorisations et à instaurer des guichets uniques, réduisant ainsi les délais et l’incertitude pour les investisseurs. L’AEC souligne que la solidité de la gouvernance est un facteur clé de compétitivité, citant le Nigeria et le Ghana, où la clarté des règles et la transparence des licences ont renforcé la confiance des marchés.
Ces enjeux dépassent le seul secteur des hydrocarbures. Entre 2020 et 2025, l’Afrique a investi 34 milliards de dollars dans les énergies propres, principalement dans le solaire et l’éolien, mais sa part dans les investissements mondiaux ne devrait atteindre que 1,5 % en 2025. Là encore, la perception du risque demeure un obstacle central. Selon le rapport, « les mêmes réformes qui attirent les investissements dans le pétrole et le gaz » sont également nécessaires pour accélérer le financement des énergies renouvelables et du nucléaire, un segment appelé à jouer un rôle stratégique dans la sécurité énergétique du continent.

