mardi, décembre 2, 2025

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Énergie : la demande africaine en produits pétroliers bondira de 50 % d’ici 2050

L’Afrique entre dans une phase décisive de son développement énergétique, portée par une croissance démographique et économique qui rebat les cartes du marché mondial des produits raffinés. Selon le rapport prospectif 2026 de la Chambre africaine de l’énergie, cité par NJ Ayuk, « la demande africaine en produits raffinés devrait passer d’environ 4 millions de barils par jour en 2024 à plus de 6 millions de bbl/j d’ici 2050 ». Cette hausse de 50 % place le continent au cœur des dynamiques futures de consommation pétrolière, alors même que les économies avancées entament leur transition vers les alternatives vertes.

La croissance de la demande repose d’abord sur la dynamique démographique. La population africaine pourrait atteindre 2,4 milliards d’habitants en 2050, soit 25 % de la population mondiale. Ce bond de plus de 930 millions de personnes s’accompagnera d’une urbanisation accélérée et d’un PIB continental appelé à tripler, pour atteindre environ 7 800 milliards de dollars. L’Afrique, qui représente déjà 18 % de la population mondiale mais seulement 5 % de la consommation pétrolière et 3 % du PIB global, dispose ainsi d’un potentiel encore largement inexploité.

L’essence devrait constituer la première source de croissance, avec une consommation dépassant 2,2 millions de barils par jour en 2050. Le Nigeria, premier marché continental, continuera de dominer, tandis que des économies comme le Maroc, l’Égypte ou l’Afrique du Sud verront leur demande se stabiliser à partir des années 2040 sous l’effet progressif des véhicules électriques ou du gaz naturel comprimé. Toutefois, l’insuffisance des infrastructures électriques limitera la pénétration rapide des motorisations alternatives, maintenant l’essence comme pilier de la mobilité.

Le diesel enregistrera une progression encore plus marquée, avec une hausse de 880 000 barils par jour d’ici 2050, pour frôler 2,7 millions de barils par jour. Cette croissance sera principalement liée à l’expansion des industries extractives, notamment dans la Copperbelt entre la Zambie et la République démocratique du Congo, mais aussi en Angola ou au Zimbabwe, où les opérations minières et énergétiques continueront de s’appuyer massivement sur le diesel. Les transports de marchandises, stimulés par la progression du PIB et des infrastructures logistiques, devraient également tirer cette demande vers le haut.

Le secteur aérien repart lui aussi fortement. Le kérosène et le carburant aviation dépasseront les niveaux pré-Covid dès 2025, pour atteindre 280 000 barils par jour, avant de progresser jusqu’à 465 000 barils par jour en 2050, soit une hausse de 65 %. L’ouverture de nouveaux aéroports, le retour du tourisme, la montée de la classe moyenne et la Zone de libre-échange continentale (ZLECAf) renforceront la connectivité et soutiendront cette tendance.

Au-delà des carburants de transport, le GPL représente l’un des potentiels de transformation les plus significatifs pour le continent. Plus de 900 millions d’Africains n’ont pas accès à une énergie de cuisson propre. Le passage au GPL pourrait réduire de 98 % les particules polluantes, sauver 1,2 million d’hectares de forêt par an et diminuer les émissions de carbone noir de 117 millions de tonnes d’équivalent CO₂. Pourtant, la consommation actuelle reste inférieure à 20 millions de tonnes et le rapport n’anticipe qu’une croissance modérée, freinée par le manque d’infrastructures, de financements et de politiques d’adoption.

La montée en puissance de la demande implique d’importants besoins d’investissements. Plus de 20 milliards de dollars seront nécessaires d’ici 2050 pour moderniser le raffinage, renforcer les capacités d’importation et améliorer les réseaux de distribution. La raffinerie Dangote au Nigeria constitue une étape structurante, mais demeure insuffisante face aux besoins continentaux. Des initiatives en Angola ou en Ouganda montrent la voie, sans toutefois combler le déficit massif en infrastructures.

Le rapport « The State of African Energy: 2026 Outlook Report » souligne que l’Afrique pourrait devenir l’un des moteurs de la demande mondiale en produits raffinés, conditionnée par des choix stratégiques clairs : renforcer les capacités locales, sécuriser les chaînes d’approvisionnement et accélérer la transition vers des carburants plus propres comme le GPL. À l’horizon 2050, ces décisions détermineront la capacité du continent à tirer pleinement parti de ses ressources et à répondre aux besoins énergétiques de près de 2,4 milliards d’Africains.

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