Désormais, ils doivent proposer près de 8% pour convaincre les investisseurs (7,97% au 4ème trimestre 2023).
Que s’est-il passé ?
1. Resserrement global des politiques monétaires : face à la résurgence de l’inflation, les banques centrales ont brutalement relevé leurs taux d’intérêt à partir de 2022, mettant fin à une période de inédite de taux « zéro ».
2. Abondance de l’offre : malgré la hausse des taux, les Etats ont continué d’émettre des quantités record de dette sur le marché régional (près de 18 000 milliards sur 2022 et 2023). Cela est lié à la fois à la nécessité de financer les déficits publics et à la fermeture des marchés de financements internationaux privés (Eurobonds).
3. Faiblesse de la demande : dans le même temps, les banques commerciales, qui sont les principaux acquéreurs de la dette publique, se sont montrées plus regardantes sur leurs achats. Cela est lié à la fois à la hausse du coût de la ressource (en lien avec le resserrement monétaire) et à une modification de la perception du risque (instabilité politique, hausse des ratios d’endettement des émetteurs).
Quelles conséquences ?
– Pour les Etats, la situation est très compliquée. Les niveaux d’endettement ont explosé pendant le Covid (de 45% à 60% du PIB). Le doublement des taux d’intérêt vient encore accroître la pression budgétaire, en gonflant le service de la dette. Pour l’heure, le FMI a joué les pompiers de service, mais il faudra vite trouver des solutions durables pour rendre la dette soutenable à long terme.
– Pour les acteurs privés, les conséquences se font déjà sentir : sous la pression internationale, les Etats doivent réduire leur soutien à l’économie, notamment par la baisse des subventions. D’autres hausses de prix sont probables, notamment dans le secteur énergétique.
Depuis début 2024, il y a quand même quelques bonnes nouvelles.
D’abord, les banques centrales ont cessé d’augmenter les taux. Certaines commencent même à les baisser.
Ensuite, le marché des Eurobonds s’est rouvert, avec des émissions de la Côte d’Ivoire et du Bénin.
Enfin, le Sénégal – deuxième économie de la zone – a renoué avec la stabilité politique et s’apprête à produire ses premiers barils de pétrole et m3 de gaz.
Situation compliquée… mais pas désespérée !
Par Jean-Noël Roffiaen, Founder YUM-YUM SARL