mercredi, septembre 10, 2025

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Financement du gaz naturel : le vrai chantier du Sénégal (Contribution)

Le Sénégal est à l’heure des choix. Le gaz ne transformera le pays que par la façon de l’exploiter et de le financer : séquencement opportun , cadre clair et investissements judicieux. Le défi, désormais, est d’organiser ces investissements : infrastructures utiles, ancrage local et retombées économiques.

Besoins financiers

Les besoins d’investissement sont importants : interconnexions gaz-électricité, unités de liquéfaction, conversion/modernisation des centrales, zones industrielles. L’exemple indonésien du début des années 2000 montre qu’un pari assumé peut accélérer l’électrification et poser une base industrielle. Des premiers pas existent : GTA Phase 1 a démarré fin 2024–début 2025; la première cargaison de GNL a été chargée le 17/04/2025.

Trois priorités immédiates

  • Un réseau gazier pour acheminer le gaz vers Dakar et les centrales
  • La conversion des centrales existantes au gaz
  • Des zones industrielles consommatrices de gaz (engrais, matériaux)

Mobiliser les bons financements

Le mix doit combiner fonds publics, investisseurs privés et bailleurs multilatéraux. Les PPP sont décisifs s’ils reposent sur une répartition claire des responsabilités, des obligations de performance, un contenu local exigeant, un cadre réglementaire transparent et des mécanismes de redevabilité publique.

Les réformes en cours et l’implication de Petrosen sur Yakaar–Teranga tracent la voie. L’État aligne les projets sur les priorités nationales (Plan de Redressement, Vision Sénégal 2050) et offre un cadre lisible aux partenaires.

Concrètement

  • Réseau gazier : PPP régie par les textes sectoriels (hydrocarbures/énergie), rémunéré par un tarif de transport contractuel
  • Centrales (IPP) : PPA de 15–20 ans avec mécanismes de paiement sécurisés
  • Amont (Yakaar–Teranga) : développement par étapes, priorité au marché domestique
  • Rôle de l’État : garanties ciblées et temporaires, arbitrage des priorités, publication des contrats clés.

Discipline budgétaire

Règle des trois tiroirs :

  • Stabilisation des recettes
  • Investissement productif (énergie/industrie/formation)
  • Épargne de long terme

Le tout dans un cadre pluriannuel, avec suivi des risques (prix, change, calendrier) et tarifs conciliant compétitivité et pouvoir d’achat.

Leçons utiles

Les promesses de rente peuvent décevoir. À l’inverse, la transparence (Ghana) sécurise la confiance, et un fonds souverain bien géré (Norvège) transforme la rente en sécurité intergénérationnelle.

Conclusion

Le gaz naturel n’a de valeur que s’il se traduit vite en résultats : électricité fiable, usines qui tournent, emplois créés le tout avec des contrats clairs qui font baisser le coût du capital.

À propos de l’auteure

Soukeyna LY est ingénieure en énergie, économiste et doctorante en économie des ressources naturelles à Montréal. Elle est fondatrice de Prona Futurs, un think tank consacré à la prospective sur les ressources naturelles africaines, et auteure de Sous nos pieds, le futur – Le gaz naturel au Sénégal : entre souveraineté énergétique et avenir d’une génération.

Contact : Soukeynaly.3@gmail.com

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