L’inclusion numérique demeure l’un des chantiers majeurs de la transformation économique du Sénégal, alors que le mobile s’impose progressivement comme un levier incontournable d’accès aux services essentiels. Le rapport de la GSMA souligne que l’écosystème numérique africain « génère déjà 290 milliards de dollars de valeur économique, soit 8,6 % du PIB du continent » . Cette dynamique ne cesse de s’amplifier à mesure que le mobile devient la principale passerelle vers les services financiers, administratifs et productifs.
Pour le Sénégal, où près de la moitié de la population reste encore confrontée à des limites d’accès ou d’usage, les enjeux sont considérables. Angela Wamola, Directrice Afrique de la GSMA rappelle que « l’amélioration de l’expérience numérique demeure fondamentale, notamment pour les jeunes » , un segment qui représentera la majorité de la force productive d’ici 2030. Le défi est donc double : étendre la couverture, mais surtout rendre les usages effectifs, pertinents et abordables.
Le marché numérique sénégalais continue de croître rapidement, soutenu par la forte pénétration du mobile. Le rapport insiste sur le rôle structurant des opérateurs qui « sont devenus les investisseurs les plus importants dans l’économie numérique » . Avec des déploiements massifs sur la 4G et les prémices de la 5G, les infrastructures progressent, mais la fracture d’usage persiste : coût des appareils, faible littératie numérique et inégalités territoriales limitent encore le plein potentiel du digital.
Mme Wamola souligne que la jeunesse reste au cœur de la transformation : « les jeunes, souvent les plus connectés, doivent être accompagnés dans la maîtrise des usages » . Sans cet accompagnement, le risque est celui d’un accès partiel, où la connexion ne se traduit pas en opportunité économique ou sociale.
L’un des leviers majeurs demeure la réduction du coût d’accès. En Afrique, les smartphones représentent encore une dépense trop lourde pour une part importante de la population. La Fédération mobile rappelle que l’adoption pourrait croître plus rapidement si des initiatives ciblées — financement d’appareils, réduction des taxes, programmes publics — étaient systématisées.
Dans ce contexte, l’interopérabilité et l’intégration des services deviennent essentielles. Le rapport évoque le rôle crucial que pourraient jouer les plateformes numériques pour faciliter l’accès à l’éducation, la santé, l’agriculture ou encore les services administratifs. En créant des parcours numériques simples et accessibles, le Sénégal pourrait accélérer l’inclusion sociale et économique.
L’enjeu de souveraineté n’est pas absent : la GSMA met en avant la nécessité de « renforcer la sécurité numérique au bénéfice des utilisateurs et des institutions » . À mesure que les services en ligne se multiplient, la protection des données et la confiance deviennent indispensables à l’essor d’une économie numérique robuste.
Ainsi, même si la progression est réelle, les marges d’amélioration restent importantes. Le Sénégal dispose d’une fenêtre stratégique pour structurer une économie inclusive, appuyée sur un numérique accessible à tous. Le rapport de la GSMA rappelle que « l’inclusion n’est pas seulement un impératif social : elle constitue désormais un pilier de la compétitivité nationale. »

