Les recettes issues des industries extractives ont constitué en 2024 une ressource majeure pour les finances publiques du Sénégal. Selon le Rapport ITIE 2024, les revenus encaissés par le Trésor public se sont élevés à 435,82 milliards FCFA, contre 346,19 milliards FCFA en 2023, soit une progression de près de 90 milliards FCFA en un an. Cette hausse reflète à la fois la bonne tenue du secteur minier et l’entrée en production du pétrole avec le champ offshore de Sangomar.
Dans le détail, le secteur minier demeure le principal contributeur aux recettes budgétaires, avec 359,25 milliards FCFA recouvrés en 2024, contre 320,68 milliards FCFA un an plus tôt. Les hydrocarbures ont, pour leur part, généré 76,58 milliards FCFA au profit du Trésor, contre seulement 25,51 milliards FCFA en 2023. Le rapport précise que cette évolution est portée par « les premières exportations de pétrole, les redevances et les parts de production liées au démarrage du champ de Sangomar ».
Au total, 95,58 % des revenus extractifs ont été affectés au budget de l’État en 2024. Les paiements sociaux et environnementaux, en net recul, s’établissent à 8,61 milliards FCFA, contre 16,95 milliards FCFA l’année précédente. Les revenus encaissés dans les fonds propres des organismes collecteurs atteignent 7,58 milliards FCFA, tandis que 3,45 milliards FCFA ont été reversés à l’UEMOA et à la CEDEAO. PETROSEN, la société nationale des pétroles, n’a encaissé que 0,18 milliard FCFA sur l’exercice, en raison de l’affectation prioritaire de sa part de production au remboursement des coûts de développement.
Si les montants collectés confirment la montée en puissance du secteur extractif, le rapport ITIE met également en lumière plusieurs insuffisances structurelles et formule des recommandations pour renforcer la transparence et la gouvernance. Parmi les constats majeurs figure l’incomplétude du Registre des bénéficiaires effectifs. Le rapport souligne que « le pourcentage de participation n’est pas complété pour certaines entreprises » et que « les modalités de contrôle ne sont pas systématiquement renseignées ». Il recommande de compléter l’ensemble des informations exigées par la Norme ITIE 2023 et de renforcer les mécanismes de contrôle qualité.
Autre point sensible, le cadastre minier. Au 31 décembre 2024, les données disponibles ne retracent que les octrois de l’année, sans intégrer l’ensemble des titres en cours de validité, renouvelés ou transférés. L’ITIE recommande à la Direction générale des mines et de la géologie de « communiquer un cadastre minier complet regroupant tous les titres miniers octroyés jusqu’au 31 décembre 2024 », afin d’améliorer la traçabilité et la fiabilité des informations.
Le rapport insiste également sur la nécessité d’améliorer la cohérence comptable des recettes publiques, à la suite de divergences constatées entre exercices budgétaires, notamment sur certains paiements douaniers et fiscaux. Il appelle enfin à un renforcement de la désagrégation des données par projet, condition essentielle pour permettre un meilleur suivi des flux financiers issus des ressources naturelles.
En dépit de ces recommandations, l’ITIE conclut que les données rapprochées présentent « un niveau globalement élevé de fiabilité et d’exhaustivité », avec un écart non réconcilié limité à 0,60 % des recettes totales. Un signal jugé encourageant dans un contexte marqué par l’entrée du Sénégal dans le cercle des pays producteurs de pétrole.

