Dans son nouveau Cadre stratégique 2026–2035, la Banque islamique de développement (BID) propose une vision de développement profondément ancrée dans les principes éthiques de la finance islamique, conjuguant solidarité, durabilité et transformation structurelle. Ce cadre entend répondre aux défis des pays membres avec une approche adaptée à leurs priorités nationales, tout en s’alignant sur les finalités de la charia.
Selon le document exploité par Le Marché.finance, la BID ambitionne de favoriser un « développement équilibré et harmonieux… fondé sur des principes et idéaux islamiques », et met en avant une approche « holistique, inclusive, solidaire et éthique ». Ce modèle de développement prend appui sur la solidarité de la Oummah, en visant « le bien-être humain, l’équité intergénérationnelle et la pérennité ».
La finance islamique, souligne la Banque, repose sur une règle essentielle : le lien direct avec l’économie réelle. « Il est essentiel de veiller à ce que toutes les transactions soient liées à des actifs tangibles ou à des activités productives », lit-on.
Privilégier les secteurs à fort impacts
Cette condition permet de canaliser les capitaux vers des secteurs à fort impact – agriculture, infrastructures, commerce, industrie – tout en évitant les dérives spéculatives. À travers ce mécanisme, la finance islamique « favorise directement la création d’emplois et la croissance économique ». Par ailleurs, la Banque met en garde contre les « mirages de la croissance » alimentés par la spéculation ou des bulles financières, qui ne produisent pas de richesse réelle ni de gains sociaux tangibles. Elle plaide ainsi pour « une allocation efficace des ressources » et le recours au partage des risques comme moyen de soutenir un entrepreneuriat durable.
Dans cette optique, l’inclusion est présentée comme un levier central de la croissance. « Il est fondamental de garantir l’inclusion dans la productivité pour tous », affirme la BID, notamment pour les femmes et les jeunes. Elle insiste sur le rôle des micros, petites et moyennes entreprises dans la transformation des économies locales. L’accès au financement, rendu possible par des infrastructures adaptées à la finance islamique, constitue un outil clé pour faire circuler les revenus et renforcer les dynamiques entrepreneuriales.
Un meilleur accompagnement des États
Pour que ces efforts produisent des effets durables, la Banque met l’accent sur le rôle moteur des États. « Les solutions de développement doivent être élaborées sur place, sous la direction d’acteurs nationaux – publics, privés ou à but non lucratif », affirme-t-elle. L’objectif est de renforcer l’appropriation locale et d’éviter les « pièges de la capacité » où les institutions, bien que formellement établies, échouent à répondre aux besoins réels.
Dans les contextes de fragilité, la BID recommande une approche pragmatique en s’appuyant sur les « îlots de capacité » et les réseaux existants du secteur privé et de la société civile. L’aide au développement doit alors viser à « créer des bases pour la stabilité et la croissance futures », tout en répondant aux urgences. Cette stratégie vaut aussi pour certaines communautés musulmanes vivant dans des pays non membres, confrontées à des privations et à une marginalisation accrues.
Faire face à l’urgence climatique
Enfin, face à l’urgence climatique, la BID fait de la circularité et de l’adaptation au climat des axes structurants de sa stratégie. Elle évoque un « modèle de croissance durable et régénérative », centré sur la réutilisation des ressources, la réduction des déchets et la résilience économique locale. Pour la Banque, ces choix sont compatibles avec les finalités de la charia et visent à promouvoir « l’équité intergénérationnelle et la prospérité ».
Le Cadre stratégique 2026–2035 constitue ainsi une feuille de route ambitieuse, mettant au premier plan les enjeux de justice sociale, de productivité inclusive et de transformation des économies, dans un esprit de solidarité et de conformité éthique.