Alors que l’État mise sur une nouvelle taxe sur les transactions Mobile Money pour accroître ses recettes, les opérateurs, réunis au sein de l’Association sénégalaise des prestataires et émetteurs de monnaie électronique (ASEPAME), alertent sur une mesure contre-productive. Ils plaident pour une fiscalité assise sur leurs revenus plutôt que sur les opérations des usagers.
Utilisé par 9 adultes sur 10 au Sénégal, le Mobile money est devenue aujourd’hui un véritable pilier de l’inclusion financière. Selon la BCEAO, la valeur des transactions est passée de 14.300 milliards de F CFA en 2022 à plus de 48.000 milliards en 2024, soit 8,6 % du PIB. Un dynamisme qui a attiré l’attention de l’État, décidé à en faire un gisement fiscal dans le cadre du Plan de redressement économique et social.
Mais l’ASEPAME dénonce une mesure innoportune. Selon, elle taxer les volumes ferait chuter de 30 à 50 % les transactions, comme observé dans d’autres pays, poussant les usagers à revenir au cash et réduisant l’assiette fiscale existante. L’association propose donc une taxe de 2,5 % sur ses revenus, une base plus stable et en forte croissance, qui rapporterait 530 milliards de F CFA entre 2026 et 2028, soit plus du double des 230 milliards escomptés par le gouvernement.
Selon les opérateurs, cette option préserverait la dynamique d’adoption des paiements digitaux, protégerait près de 90.000 emplois et consoliderait la transparence des flux, essentielle pour maintenir le Sénégal hors de la liste grise du GAFI. « Taxer nos revenus, c’est garantir des recettes durables sans casser une dynamique qui fait du Sénégal un pionnier de l’inclusion financière », conclut l’ASEPAME.