Le Sénégal vient d’opérer un tournant décisif dans la transparence économique avec la mise à disposition du Registre des bénéficiaires effectifs des entreprises opérant dans le secteur extractif. L’annonce a été faite par le Comité national de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives (CN-ITIE Sénégal), qui présente ce dispositif comme « une avancée majeure dans la gouvernance des ressources naturelles ».
Cette initiative fait suite à l’adoption du décret n° 2025-1354 du 27 août 2025, modifiant le décret n° 2020-791 du 19 mars 2020.
Le nouveau texte élargit considérablement l’accès du public aux informations sur les propriétaires réels des sociétés extractives, levant la restriction de l’« intérêt légitime » auparavant exigée. Désormais, tout citoyen peut consulter librement les données sur les bénéficiaires effectifs, conformément aux exigences de la Norme ITIE 2023.
Selon le communiqué officiel, « cette réforme traduit la volonté ferme des plus hautes autorités de préserver l’intérêt national dans l’exploitation des ressources naturelles ». Elle concrétise également un engagement du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui avait placé la transparence au cœur de sa politique économique lors de son adresse à la Nation en avril 2024.
Le registre, accessible sans frais, offre plusieurs informations clés : l’identité de la société ou de la personne physique déclarée, les noms, professions, fonctions, nationalités et pays de résidence des bénéficiaires effectifs, leur niveau de participation au capital, ainsi que la date d’acquisition de la propriété effective. Ce dispositif, présenté comme inédit, vise à renforcer la redevabilité publique et la confiance dans le secteur extractif.
Le CN-ITIE estime que cette ouverture contribuera à « lutter contre la corruption, les conflits d’intérêts, la fraude fiscale et les flux financiers illicites ». En rendant ces informations accessibles, le Sénégal aligne sa gouvernance sur les standards internationaux de transparence économique.
Au-delà de la dimension politique, cette réforme pourrait avoir des effets économiques tangibles. La transparence accrue devrait favoriser un climat de confiance entre l’État, les investisseurs et les citoyens, tout en réduisant les risques de fraude et d’opacité dans la chaîne de valeur extractive. Pour les acteurs du secteur, elle représente également un gage de crédibilité et de conformité vis-à-vis des partenaires internationaux.
« Cette divulgation publique permettra de consolider une gouvernance responsable du secteur extractif au bénéfice du peuple sénégalais », précise le communiqué. En plaçant la transparence au centre de son dispositif réglementaire, le Sénégal ambitionne de devenir une référence régionale en matière de gouvernance ouverte et responsable.