La crise actuelle de liquidité des banques au Sénégal révèle des tensions structurelles qui doivent être abordées de manière stratégique. L’élévation des fonds propres imposée par la BCEAO, bien que nécessaire pour renforcer la résilience du secteur, a temporairement limité la capacité des banques à octroyer des crédits. Cela a accru la rareté de liquidités, impactant particulièrement les PME, moteur de l’économie sénégalaise.

Par ailleurs, la crispation du marché interbancaire a exacerbé ces tensions, obligeant les banques à dépendre davantage des refinancements coûteux de la BCEAO. Cette situation souligne la nécessité d’explorer des solutions alternatives, comme le développement de fintechs ou de partenariats stratégiques, pour diversifier les sources de revenus.

La titrisation des créances émerge comme une solution potentielle pour améliorer la liquidité des banques. Cette technique, encore sous-exploitée au Sénégal, permettrait aux banques de transformer des actifs illiquides en titres négociables, libérant ainsi des fonds pour d’autres investissements. Les banques pourraient vendre ces titres à des investisseurs institutionnels, à des OPC, ou conserver les créances titrisées au sein de leur bilan, en tirant parti des flux de trésorerie tout en consolidant leur ratios de solvabilité.

En outre, pour répondre aux défis actuels, les banques sénégalaises doivent évoluer vers un modèle de banque universelle multi-produits, intégrant des services complémentaires qui répondent aux besoins spécifiques du marché local. Il est crucial que les banques adaptent leurs offres aux habitudes de consommation des Sénégalais. Cette adaptation, combinée à l’innovation et à l’exploitation de nouvelles opportunités de marché, pourrait non seulement aider à surmonter la crise actuelle mais aussi positionner le secteur bancaire dans une croissance durable et inclusive.

En conclusion, la crise de liquidité au Sénégal, bien qu’inquiétante, offre également des opportunités pour transformer le secteur bancaire. Les réformes nécessaires pour renforcer les fonds propres et diversifier les sources de revenus doivent être accompagnées d’une adaptation aux réalités locales et d’une innovation proactive. La nouvelle gouvernance politique pourrait jouer un rôle clé dans la mise en œuvre de ces réformes, ouvrant la voie à un redressement durable du secteur bancaire sénégalais.

Par Karim Dailal, Spécialiste Banque & Finance | Stratégie, Performance Opérationnelle & Gestion des Risques

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