L’Afrique, malgré son potentiel économique considérable, connaît un développement limité du secteur de l’assurance. Avec un taux de pénétration moyen inférieur à 3 % dans la majorité des pays, ce marché reste largement sous-exploité. C’est ce qui ressort de la 49e Assemblée générale de la Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaines (FANAF) qui s’est tenue à Marrakech, du 22 au 26 février dernier.
La problématique de l’expansion du marché des assurances en Afrique a largement été débattue lors de l’Assemblée générale de la Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaines (FANAF). Selon les acteurs, bien que le continent affiche une croissance économique dynamique, le marché de l’assurance y demeure embryonnaire par rapport aux autres régions du monde. En Afrique subsaharienne, le taux de pénétration oscille entre 1 % et 3 %, contre une moyenne mondiale de plus de 9 %.
L’Afrique du Sud fait figure d’exception avec un taux dépassant 14 %, illustrant ainsi l’écart considérable entre les pays africains en matière d’assurance. Cette situation s’explique, selon certains, par plusieurs freins structurels qui ralentissent l’essor du secteur. Il s’agit notamment du déficit de sensibilisation et de confiance. En effet, l’un des premiers obstacles à l’adoption de l’assurance en Afrique est le manque de culture assurantielle.
De nombreuses populations perçoivent l’assurance comme une charge financière non essentielle. De plus, la méfiance envers les compagnies d’assurance limite l’engagement des ménages et des entreprises. À cela s’ajoutent un pouvoir d’achat limité et une économie informelle prépondérante. Des assureurs ont déploré le fait qu’avec plus de 80 % de la population active travaillant dans le secteur informel, les revenus irréguliers et la priorité donnée aux besoins immédiats empêchent l’essor de l’assurance.
La faible capacité financière de nombreux ménages rend difficile la souscription à des produits assurantiels classiques. De plus, la plupart des produits d’assurance disponibles sont calqués sur des modèles occidentaux et ne tiennent pas compte des spécificités africaines. L’absence de solutions adaptées, comme la micro-assurance, freinant ainsi l’adoption du secteur, notamment en milieu rural. Les acteurs ont également relevé une implication limitée des banques et un cadre réglementaire peu incitatif. En effet, l’assurance et le secteur bancaire sont étroitement liés, mais dans plusieurs pays africains, les banques intègrent peu l’assurance dans leurs offres. De plus, l’absence de politiques publiques incitatives et de régulations adaptées entrave le développement du secteur.
Des pistes pour stimuler la pénétration de l’assurance
Proposant des pistes de solutions, certains assureurs ont soulevé la digitalisation et l’innovation technologique, soulignant que ces nouvelles technologies offrent des opportunités majeures pour l’assurance en Afrique. Dans la mesure où l’essor des fintechs permet désormais de souscrire et gérer des polices via des plateformes mobiles. Ils ont, à cet effet, cité l’exemple du M-Pesa, au Kenya, qui démontre déjà l’impact du digital sur l’inclusion financière.
Aussi des solutions innovantes comme la micro-assurance, avec des primes accessibles et des conditions de paiement flexibles, peuvent permettre aux populations à faibles revenus de bénéficier d’une couverture. Ce modèle est particulièrement adapté aux travailleurs du secteur informel. À ces solutions s’ajoutent le rôle des partenariats public-privé (PPP). En effet, ces derniers jouent un rôle essentiel dans la couverture des risques majeurs tels que les catastrophes naturelles ou la santé publique.
Pour finir, la mise en place de cadre réglementaire et fiscal plus attractif par les États africains a été proposé par les assureurs. Ces derniers avancent que cette méthode permettra d’instaurer des législations incitatives pour favoriser l’assurance. Des mesures telles que des réductions fiscales pour les assurés ou l’obligation de souscription à certaines assurances (santé, habitation) pouvant aussi accélérer la pénétration du secteur ont été préconisées. D’après les assureurs, l’essor de l’assurance en Afrique dépendra de la mise en œuvre de ces stratégies suscitées adaptées aux réalités locales. Ils ont en outre souligné que l’assurance ne se limite pas à un outil de protection, mais constitue un levier stratégique pour la croissance africaine.