Deux pays de l’espace l’UEMOA ont performé sur le marché des Euros bonds en ce début d’année 2024. La Côte d’Ivoire, deux ans après sa dernière émission, a levé 2,6 milliards de dollars. Le Bénin de son côté a mobilisé 750 millions de dollars. Des performances réalisées dans un contexte de resserrement des conditions de financement sur le marché international après les crises de la covid-19 et le conflit russo-ukrainien.
C’est un retour en force pour la Côte d’Ivoire sur le marché des Euros bonds après deux années d’absence. Le pays de la Lagune Ébrié a levé avec brio 2,6 milliards d’euros, soit environ 1.568 milliards de FCFA. L’opération a eu lieu le 22 janvier 2024. Selon la note d’information du Gouvernement ivoirien, cette enveloppe est mobilisée à travers deux émissions obligataires de maturités respectives de 9 et 13 ans. L’opération, poursuit la source officielle, bénéficie d’une couverture de change Dollar-Euro portant sur la totalité du montant émis. L’opération est assortie de taux d’intérêt de 6,30% et 6,85% respectivement, soit un taux moyen de 6,61%. Plus de la moitié de l’enveloppe mobilisée sera consacrée au rachat ainsi qu’au refinancement d’Euro bonds existants ainsi que de prêts bancaires internationaux.
L’enjeu est d’étaler les échéances de remboursement de sa dette extérieure, afin de donner au pays plus de marge de manœuvre budgétaire. Il convient également de noter qu’à travers cette émission d’euro bonds, la Côte d’Ivoire a réalisé sa toute première émission avec le principe ESG à travers la tranche de neuf (9) ans. Les principes ESG signifient principes environnementaux, sociaux et de gouvernance.
À côté de la Côte d’Ivoire, un autre pays de l’espace UEMOA, à savoir le Bénin, a brillé sur le marché international en ce début d’année 2024. Ce pays réputé par la solidité de son système financier a levé, le 6 février dernier, 750 millions de dollars. Il présente un taux d’intérêt annuel de 7,96 % en dollars, équivalent à un taux en euros de 6,50 % à la date d’émission. L’échéance est de 14 ans. Il s’agit de la première émission obligataire en dollars pour ce pays. L’opération de 2021, d’un montant de 500 millions de dollars, était libellée en euro.
À la question de savoir, cette levée de fonds réalisée par la Côte d’Ivoire ne creuse-t-elle pas davantage sa dette publique extérieure, le Professeur Babacar Sène, titulaire des Universités, analyse : « C’est un facteur d’accumulation de l’endettement public. Mais une partie sert à racheter d’anciennes dettes. Donc, il y a sûrement des analyses de soutenabilité qui ont été faites par la Côte d’Ivoire. En réalité, ces émissions peuvent augmenter l’endettement, mais le rachat d’anciens titres est un facteur de stabilisation ». Il ajoute que la dynamique de l’endettement dépend de l’évolution du déficit budgétaire et de l’effet potentiel de boule de neige (différence entre le coût de la dette et le taux de croissance économique). Dans ce dernier cas, souligne Pr Babacar Sène, l’accumulation de la dette se fait à un rythme très rapide pouvant mener à une situation de debt overhang (surendettement).
125 euros, bonds émis depuis 2000…
Entre 2000 et 2021, 23 pays africains ont émis plus de 125 euro-obligations d’une valeur de plus de 1 510 milliards de dollars. Sept pays africains s’étaient lancés sur le marché international des capitaux au début des années 2000 (figure 2.3). Mais la plupart des émissions d’euro-obligations ont démarré entre 2009 et 2014 quand les conditions financières mondiales étaient alors favorables. L’allégement de la dette dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés avait pour résultat une amélioration des conditions macroéconomiques en Afrique. Les pays africains avaient bénéficié d’une augmentation des volumes de financement de la part d’investisseurs à la recherche de
rendements réels positifs. L’effondrement des prix du pétrole en 2014–16 et l’aggravation des déficits budgétaires primaires dans les pays riches en pétrole ont également entraîné des besoins de financement croissants, poussant certains pays à émettre leurs premières euro-obligations, notamment l’Angola en 2012 et le, Cameroun en 2015.