Prenant la parole à l’accosion de la cérémonie d’ouverture de la réunion de l’Association des banques centrales Africaines(ABCA), le gouverneur de la Banque centrale Jean-Claude Kassi Brou a salué l’engagement des Etats à batir un « système monétaire africain intégré, stable, résilient et porteur d’opportunités». Notamment dans un contexte international marqué par des incertitudes liées à une montée des tensions commerciales et géopolitiques, une vulnérabilité accrue face aux chocs climatiques et une pression croissante sur la soutenabilité de la dette de nos États. » Se réjouissant des perspectives pour l’union, il souligne que celles-ci augurent d’une consolidation des performances macroéconomiques. En effet, la croissance est attendue à 6,4% et l’inflation devrait se quant à elle se maintenir dans la zone cible de 1 à 3%. il a réaffirmé l’engagement de la BCEAO à soutenir pleinement les idéaux portés par l’Association, notamment la promotion de la coopération monétaire et le renforcement de la stabilité sur le continent.
Prenant la parole, le président de l’ABCA a plaidé pour une intégration monétaire et financière accrue en Afrique. Dr Rama Krishna Sithanen a livré un message fort sur les défis économiques contemporains et la nécessité d’unir les efforts pour renforcer l’intégration financière du continent africain. Dans un contexte mondial marqué par l’instabilité, l’ancien ministre des Finances de Maurice a également alerté sur les retombées de la guerre commerciale en cours, la montée des mesures protectionnistes, ainsi que les risques de fragmentation géoéconomique. « Cela pourrait mener à une inflation plus élevée, une baisse des flux commerciaux et une croissance ralentie », a-t-il averti, tout en soulignant la vulnérabilité particulière de l’Afrique du fait de sa dépendance au dollar pour ses échanges commerciaux. Face à cette situation, Dr Sithanen a misé sur la collaboration entre les banques centrales africaines comme levier de résilience. Il a invité ses homologues à privilégier les échanges d’expériences entre institutions africaines avant de se tourner vers des modèles extérieurs. À ce titre, il a mentionné les visites d’étude organisées par la Banque de Maurice au profit de ses consœurs du continent.
Sur le plan technique, le président de l’ABCA a insisté sur l’adoption des normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (LBC/FT), ainsi que sur la modernisation des législations nationales.
Il a en outre vivement dénoncé le coût élevé des envois de fonds vers l’Afrique, citant le rapport 2024 de la Banque mondiale qui évalue à 8,37 % le coût moyen des transferts vers l’Afrique subsaharienne. Il appelle à trouver des alternatives pour réduire ces coûts et faciliter les échanges financiers et commerciaux intra-africains.
Le président de l’ABCA s’est également réjoui de l’initiative de l’Union africaine de créer une agence régionale de notation, « qui comprend les réalités du continent à la base ». Il a en outre salué l’existence de la ZLECAf, tout en regrettant qu’elle soit encore sous-exploitée à cause d’un déficit d’infrastructures, de financements et de facilités douanières.
Enfin, Dr Sithanen a appelé à une autonomie accrue des États africains dans la mobilisation des ressources. « L’aide publique au développement est en déclin. Nous devons nous tenir debout et entreprendre les réformes nécessaires pour attirer les investisseurs institutionnels et mobiliser les ressources internes », a-t-il affirmé, insistant sur l’importance de la confiance dans les systèmes financiers nationaux.