Le Marché dans le cadre de la célébration de l’An 1 a également posé le débat sur « les obligations durables, quelles opportunités pour les États, les institutions financières et les entreprises ». Un potentiel passé en revue par d’éminents spécialistes.
« Les obligations durables, quelles opportunités pour les États, les institutions financières et les entreprises ». C’est l’un des thèmes soumis à la réflexion des experts à l’occasion de la célébration de l’An 1 du magazine économique et financier « Le Marché ». La session a été modérée par Seynabou Dia, spécialiste en Finance inclusive. L’un des participants était Ameth Fall, directeur des marchés des capitaux d’Impaxis. Pour lui, les obligations durables regorgent d’un potentiel énorme dans le monde et dans l’espace UEMOA. « Si on regarde dans le cadre des obligations durables, en mars 2023, dans le monde, la Banque mondiale parle de 4,1 trillions de dollars d’émissions », a expliqué d’entrée Ameth Fall.
À l’en croire, si on observe le marché régional, à date, il y a eu cinq opérations en placement privé en 2021 et quatre appels publics à l’épargne. Pour l’ensemble de ces opérations, a-t-il précisé, l’Amf-Uemoa a été très regardante sur les secteurs visés par les financements. D’où l’importance du reporting qui met en valeur la durabilité et le respect des objectifs visés. « Le reporting permet aussi de vérifier si les projets sur lesquels nous investissons ont ce label durable », a renseigné M. Fall. Poursuivant sa réflexion, il a indiqué que les obligations durables créent des opportunités. « Si nous prenons le cas de la BIDC, elle a pu lever d’abord 50 milliards Fcfa. Cette opération fléchée durable a bénéficié d’un taux de 6,5% alors que les autres opérations sur le marché à la même période étaient de loin à plus de 6,5%», a cité Ameth Fall.
Pour Dr Mor Wellé Diop, Enseignant-Chercheur et spécialiste des marchés financiers, il y a des expériences qui ont réussi telles que celles de l’Afrique du Sud, le Kenya, la Côte d’ivoire. À l’en croire, il ne faut également pas oublier la pertinente opération de Baobab Sénégal, d’une enveloppe de 20 milliards FCFA. Cependant pour que les états, les entreprises et les institutions financières en profitent davantage, il estime qu’il est important de voir la combinaison adéquate afin d’avoir les ressources appropriées permettant de financer les projets. « Quand je vois des gens faire focus sur les subventions, je suis étonné. Elles maintiennent dans une phase de pauvreté mais si elles peuvent être un effet de levier. Les obligations durables constituent une excellente opportunité pour nos pays . Maintenant il faut des partages d’expériences permettant aux institutions financières de saisir les enjeux », a suggéré le spécialiste.
De son côté, l’économiste et écologiste, Alioune Seydi, considère que les besoins de financement pour nos pays sont importants. Aujourd’hui, il est urgent selon lui, de transformer nos contraintes en opportunités en recherchant des ressources adaptées . Une option bien exploitée selon lui, par La Banque agricole (LBA). « C’est ce que nous faisons au niveau de la banque en privilégiant des ressources concessionnelles. Ce qui présente beaucoup d’opportunités pour car ce sont des ressources disponibles. Et nous essayons de mettre en place, un cadre interne qui permet de satisfaire ce besoin de reporterting », a dit M. Seydi.
À son avis, l’autre aspect important, c’est le renforcement du capital humain car les modes de financement sont nouveaux et les personnes qui managent ces opérations doivent être au parfum des évolutions. « Comme évaluation, nous avons également mis en place un système de suivi-évaluation qui n’existe pas dans les autres banques. Également nous sommes carrément allé chercher des experts en environnement. Il faut aussi favoriser la structuration de projets rentables. Dans ce cadre nous développons des projets pilotes avant de passer à l’échelle », a exposé Alioune Seydi.