Le rapport d’exécution budgétaire du deuxième trimestre 2025, du ministère des Finances et du Budget révèle un déséquilibre croissant entre le poids de la dette publique et la faiblesse de l’investissement. L’État sénégalais voit sa marge de manœuvre se réduire, alors que les charges financières absorbent une part importante du budget au détriment des dépenses productives.
À fin juin, les charges de la dette se sont élevées à 501,1 milliards de francs CFA, soit 47,4 % de l’objectif annuel fixé dans la loi de finances rectificative. La dette extérieure concentre 403,5 milliards, contre 97,6 milliards pour la dette intérieure. En comparaison annuelle, le service de la dette a bondi de 290,7 milliards de francs CFA, une progression que le rapport explique « principalement par la prise en charge de la dette bancaire contractée hors autorisation parlementaire » . Cette augmentation traduit une pression budgétaire renforcée, rendant plus difficile le financement de nouvelles priorités.
Dans le même temps, l’investissement public connaît une exécution particulièrement faible. Les dépenses en capital atteignent seulement 581,9 milliards de francs CFA au premier semestre, soit 30 % des prévisions de la LFR 2025. Plus révélateur encore, les investissements exécutés directement par l’État plafonnent à 11,9 milliards, un niveau marginal équivalant à 8 % des crédits prévus. Même en y ajoutant les transferts en capital (174,8 milliards), la tendance générale reste préoccupante. Comme le souligne le rapport, « les dépenses en capital ont été exécutées à hauteur de 581,9 milliards de francs CFA, soit 30,1 % des prévisions » .
Ce contraste apparaît clairement dans la structure des dépenses. Au premier semestre, l’investissement représente à peine 11 % des montants exécutés, contre plus de la moitié pour les charges de fonctionnement. Ces dernières sont dominées par la masse salariale, évaluée à 724,1 milliards de francs CFA, et par les transferts courants, qui atteignent 844,9 milliards.
Le risque est double : d’une part, la soutenabilité budgétaire est fragilisée par le poids croissant du service de la dette ; d’autre part, la faiblesse de l’investissement réduit la capacité de l’État à soutenir une croissance diversifiée et durable. Or, l’économie sénégalaise, portée au premier trimestre par une hausse du PIB de 12,1 % grâce à l’exploitation des hydrocarbures, a besoin d’investissements publics soutenus pour transformer cette rente en développement structurel.