Quel regard portez vous sur le marché du Conseil en stratégie et de l’audit au Sénégal ?
Il convient en premier lieu de distinguer le marché traditionnel de l’audit (qu’il soit légal ou contractuel), du marché du conseil qui est un terme plutôt vaste mais qui regroupe plusieurs types d’activité à destination des états et collectivités, des bailleurs, des ONG et des entreprises de toutes tailles et tous secteurs. Il s’agit là d’une large palette de services pouvant aller de la définition d’une stratégie à court, moyen ou long terme à son opérationnalisation à travers des plans de transformation digitale ou opérationnelle ainsi que des opérations liées aux deals etc. Le point commun entre toutes ces offres étant d’accompagner les clients dans leur croissance.
L’environnement du conseil au Senegal est marqué par un contexte très favorable marqué par :
- Les récentes découvertes de pétrole et de gaz qui vont booster une croissance qui était déjà présente et régulière depuis plusieurs années
- Une nouvelle dynamique avec l’avènement d’un nouveau régime animé d’une volonté de transformation systémique du pays qui se traduit par une redéfinition des ambitions, de la stratégie de l’Etat et des collectivités mais aussi des entreprises publiques comme privée dans ce nouveau contexte. Là encore, le rôle des cabinets de Conseil sera de permettre à cette nouvelle classe dirigeante d’être accompagnée par des acteurs de premier plan disposant d’une parfaite connaissance locale combinée à des expertises sectorielles internationales.
L’on observe ces dernières années l’émergence de nouveaux acteurs locaux qui font ace aux mastodontes du conseil et de l’audit comme les « Big four ». Qu’est ce qui peut expliquer ce dynamisme ?
Il faut comprendre que le marché de l’Afrique en général et l’Afrique subsaharienne en particulier, reste relativement modeste pour être intégré de manière significative dans la stratégie globale de la plupart des groupes internationaux. Ainsi, il y’a toujours un besoin d’adaptation de cette stratégie globale et cela ne peut être fait que par des acteurs locaux disposant d’une forte connaissance des enjeux et du contexte.
Le besoin croissant de cette expertise locale forte a fait naitre d’autres types d’acteurs, pour la plupart passés par ces cabinets de taille plus importante et qui développent des offres spécifiques à destination d’une clientèle plus locale voire régionale. Cette offre vient compléter celle des cabinets locaux affiliés à des réseaux internationaux et qui disposent de solutions multidisciplinaires, d’outils technologiques innovants et de spécialistes internationaux dans tous les secteurs.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles font face ces cabinets dans leur fonctionnement ?
Elles sont nombreuses mais finalement liées. La première difficulté concerne les ressources humaines : Les personnes qualifiées sont rares et pour la majorité d’entre-elles formées à l’étranger. Il en résulte 2 principaux challenges : Les attirer et les convaincre de venir travailler en Afrique sur des projets structurants : et lorsqu’on y arrive cela a un cout généralement élevé; Les retenir malgré la pression des concurrents et des corporates.
La seconde difficulté concerne le prix : La pression sur les talents se traduit inéluctablement par une hausse des salaires et par conséquent des prestations. Les prix, certes justes, sont le plus souvent jugés élevés par des clients qui, et c’est compréhensible, qui veulent disposer d’experts de niveau mondial à un prix « local » (rires…)
La troisième difficulté concerne l’absence de suivi des solutions retenues qui impacte négativement les résultats escomptés par les différentes solutions proposées.
Comment se comporte ce marché au Sénégal comparé à celui des autres pays de l’UEMOA ?