L’intelligence artificielle (IA) est en train de révolutionner le secteur bancaire à l’échelle mondiale et les banques africaines ne font pas exception. Dans un monde de plus en plus numérique, les clients s’attendent à des services rapides, sécurisés et adaptés à leurs besoins. Alors pour rester compétitives, de nombreuses banques sur le continent adoptent des technologies avancées, l’IA joue un rôle clé dans cette transition.
Qu’est-ce que l’IA : Pour ceux qui n’en ont pas encore entendu parler, l’intelligence artificielle (IA) est une technologie qui permet aux machines de « penser » et « d’apprendre » comme des humains. Par exemple, elles peuvent comprendre des langues, reconnaître des images, résoudre des problèmes et même prendre des décisions sans qu’on leur explique tout.
Sans être exhaustif, voyons les enjeux de l’intégration de l’IA dans les banques africaines, en mettant en lumière les opportunités et les défis associés à cette innovation technologique.
OPPORTUNITÉS OFFERTES PAR L’IA DANS LES BANQUES AFRICAINES
Plus d’inclusion financière : L’une des principales opportunités que l’IA offre aux banques africaines aujourd’hui est sans aucun doute la possibilité d’élargir l’inclusion financière ! Une grande partie de la population africaine est encore exclue du système financier formel. L’IA peut aider les banques à surmonter certains obstacles en proposant des solutions de crédit et d’épargne adaptées à des clients qui, autrement, seraient exclus en raison du manque de données traditionnelles.
La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a récemment lancé la phase pilote de son projet sur l’interopérabilité des services financiers numériques dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). L’aboutissement de ce projet permettrait à nos banques de pouvoir, par exemple, proposer des microcrédits à des clients qui n’ont pas d’historique de crédit. Cela pourra être fait en utilisant des algorithmes d’IA pour analyser les comportements mobiles et les transactions Mobile Money de ces derniers.
Meilleure expérience client : L’IA permet également aux banques africaines d’améliorer l’expérience client en offrant des services personnalisés et accessibles par tous et à tout moment. Les chatbots et les assistants virtuels, comme celui développé par UBA (United Bank for Africa)avec leur célèbre assistant virtuel « LEO », permettent aux clients d’effectuer des transactions bancaires simples, de consulter leurs soldes ou de poser des questions via des plateformes comme WhatsApp ou Facebook Messenger. Cette pratique de plus en plus répandue dans les banques africaines, rend les services bancaires plus accessibles et soulage les agences bancaires souvent surchargées.
Optimisation des processus internes : Les banques africaines peuvent également utiliser l’IA pour optimiser leurs processus internes. Les tâches répétitives et chronophages, comme le traitement des demandes de prêts, la vérification des documents, ou le suivi des transactions peuvent êtres automatisés par l’IA. Cela libère du temps pour les employés, qui peuvent se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.
RISQUES ASSOCIÉS À L’UTILISATION DE L’IA DANS LES BANQUES AFRICAINES
Biais dans les algorithmes : Un des risques majeurs de l’IA est le biais dans les algorithmes, qui peut entraîner des discriminations involontaires. Les algorithmes d’IA sont souvent basés sur des données existantes qui peuvent contenir des préjugés sociaux ou économiques. Si ces biais ne sont pas corrigés, ils peuvent entraîner des décisions injustes, comme refuser des prêts à certaines personnes. Cela pourrait nuire aux efforts d’inclusion financière tant recherchée en Afrique, où les inégalités sociales sont déjà marquées.
Vulnérabilité aux cyberattaques : La cybersécurité est un autre enjeu critique. Les banques africaines, en adoptant l’IA, deviennent des cibles potentielles pour des cyberattaques d’envergure. L’accès accru à des données sensibles grâce à l’IA peut exposer les banques à des risques de piratage. Une vigilance accrue en matière de sécurité des données est donc primordiale pour protéger les banques et leur clientèle.
Dépendance technologique et chômage : Un autre risque est la dépendance excessive à la technologie, qui pourrait conduire à une réduction des emplois dans le secteur bancaire. L’automatisation des tâches grâce à l’IA peut entraîner la suppression de postes, notamment dans les fonctions administratives et de back-office.
En Afrique, où le taux de chômage est déjà élevé, cette tendance pourrait avoir des conséquences sociales importantes. Les banques doivent donc trouver un équilibre entre la technologie et l’humain.
Conclusion : l’IA offre aux banques africaines des opportunités significatives pour améliorer l’inclusion financière, optimiser l’expérience client et rationaliser les processus internes mais avec une grande prudence. Ces avantages s’accompagnent de risques notables, notamment en termes de biais algorithmique, de cybersécurité et de pertes d’emplois. Il est donc crucial que les banques africaines abordent l’IA avec une stratégie réfléchie, en tenant compte des spécificités locales et en veillant à minimiser les risques.
L’avenir du secteur bancaire africain dépendra de la capacité des institutions à intégrer l’IA de manière éthique et responsable. Les banques qui parviendront à naviguer dans cet environnement complexe tout en restant centrées sur le client seront celles qui réussiront à prospérer dans l’économie numérique émergente de l’Afrique.
Par Allaye BOCCOUM, Expert bancaire (Mali)