Ce titre reflète l’importance du sujet traité, à savoir l’analyse détaillée du rapport dette/PIB dans les contextes africains, en tenant compte des enjeux, conséquences et perspectives associées. Il positionne également la discussion dans un cadre global et prospectif, invitant les lecteurs à s’intéresser davantage aux implications de ce rapport sur le développement socio-économique des pays africains.
La pertinence cruciale du rapport dette/PIB réside dans sa faculté à fournir une estimation objective de la viabilité financière d’un État donné. Ce ratio met en relation deux variables macroéconomiques fondamentales le montant total de la dette publique et la valeur globale de biens et services produits annuellement au sein du territoire national afin d’appréhender la solidité des finances publiques et d’identifier d’éventuelles fragilités susceptibles de compromettre la stabilité économique interne comme externe.
Au cours de la dernière décennie, force est de constater que près de deux tiers des États africains présentent un niveau d’endettement excessif, soit un rapport dette/PIB largement supérieur à la norme communément admise de 40%. Certains cas particulièrement préoccupants affichent même des proportions vertigineuses frôlant les 200%, rendant compte d’un endettement massif et insoutenable. Une telle configuration ne manque pas de susciter interrogations et craintes légitimes quant à la pérennité des équilibres financiers et économiques dont dépend directement la qualité de vie des populations locales.
Cette dynamique inflationniste de l’endettement trouve notamment sa source dans une propension marquée des autorités étatiques à recourir massivement à l’emprunt, tantôt pour financer des projets structurants indispensables au développement infrastructurel et social du pays, tantôt pour combler des déficits chroniques issus de déséquilibres persistants entre ressources internes limitées et besoins externes exponentiels. Or, cet engrenage pernicieux induit non seulement une vulnérabilité accrue face aux aléas conjoncturels internationaux mais altère aussi substantiellement la capacité de l’État à honorer ses engagements financiers.
Les moteurs de l’endettement en Afrique sont multiples et complexes, impliquant une gamme de facteurs nationaux et internationaux.
Premièrement, la capacité de génération de revenus faible est un obstacle majeur à la durabilité budgétaire dans de nombreux pays africains. En effet, la plupart des pays africains dépendent fortement des exportations de matières premières, ce qui expose leurs économies aux fluctuations des prix mondiaux et entrave la diversification économique. Deuxièmement, la croissance économique faible a également contribué à l’accumulation de la dette, car les pays africains ont souvent du mal à atteindre des niveaux de croissance élevés et stables nécessaires pour stimuler la création d’emplois et accélérer le développement. Troisièmement, la mauvaise gouvernance et la corruption sapent la confiance des investisseurs, compromettent la responsabilité et la transparence budgétaires et alimentent l’utilisation improductive des ressources publiques.
Malgré ces défis, il est important de noter que les pays africains ont également pris des mesures pour améliorer leur gestion de la dette et renforcer la durabilité budgétaire. Par exemple, certains pays ont mis en œuvre des réformes fiscales pour accroître la collecte des impôts, tandis que d’autres ont conclu des accords avec les créanciers pour rééchelonner ou reprofiler leur dette. Cependant, ces efforts doivent être intensifiés pour faire face aux pressions continues de la dette et promouvoir une croissance économique inclusive et durable.
L’endettement excessif des nations africaines représente un obstacle majeur au développement économique et social durable, compromettant ainsi la réalisation des objectifs nationaux et continentaux visant à améliorer le niveau de vie de la population et à promouvoir une meilleure inclusion économique.
En effet, les niveaux élevés de dette peuvent avoir des conséquences négatives importantes sur le développement en Afrique, affectant divers aspects de la vie économique, sociale et politique. Premièrement, l’endettement peut miner la stabilité financière et menacer la viabilité budgétaire, ce qui peut entraîner une instabilité politique et sociale. Deuxièmement, l’endettement peut freiner la croissance économique en limitant les marges de manœuvre budgétaires pour les investissements publics et en imposant des coûts d’ajustement élevés sur les ménages et les entreprises. Troisièmement, l’endettement peut nuire à la réduction de la pauvreté en réduisant les ressources disponibles pour les filets de protection sociale et les services sociaux de base, tels que l’éducation et la santé. Enfin, l’endettement peut compromettre la viabilité de la dette et accroître la dépendance à l’égard du financement extérieur, ce qui peut perpétuer les cycles de dette et de sous-développement.
Subséquemment, pour atténuer ces impacts négatifs, il est urgent de mettre en œuvre des réformes ambitieuses et globales pour améliorer la gestion de la dette, promouvoir la diversification économique et renforcer la durabilité budgétaire. Ces réformes devraient inclure des mesures visant à accroître la capacité de génération de revenus, à promouvoir la transparence budgétaire et la responsabilité, à diversifier l’économie et à améliorer la gouvernance et la lutte contre la corruption.
Conscients des enjeux colossaux inhérents à cette problématique, divers organismes internationaux se sont efforcés d’édicter des règles prudentielles destinées à limiter l’expansion démesurée du stock dette/PIB. Ainsi, outre la célèbre règle d’or théorisée par l’économiste Roubini selon laquelle « la charge de la dette ne doit jamais excéder 15% des exportations », le FMI préconise depuis quelques années déjà un plafond maximal fixé autour de 70% du PIB, considéré comme un seuil critique au-delà duquel tout nouvel endettement devient hautement risqué.
Dans cette perspective, nombre d’États africains ont entrepris de redoubler d’efforts pour contenir leur endettement dans des proportions raisonnables, sans pour autant sacrifier les impératifs de développement et de modernisation qui conditionnent leur avenir. Pour y parvenir, ils misent avant tout sur une stratégie axée sur trois piliers essentiels :
-La consolidation budgétaire rigoureuse ;
-La diversification des sources de financement ;
-Le renforcement de la transparence et de la redevabilité dans la gestion des deniers publics.
In fine, si le rapport dette/PIB constitue bel et bien un baromètre utile de la santé financière d’un pays, il importe néanmoins de souligner que celui-ci ne saurait être appréhendé isolément, loin s’en faut. La complexité intrinsèque des mécanismes sous-jacents requiert effectivement une approche intégrée et nuancée, prenant en compte toutes les dimensions pertinentes susceptibles d’influer sur ladite relation dette/PIB. Autrement dit, c’est bien toute la chaîne de causalité qui doit être scrutinée à la loupe, allant des modalités d’octroi et de remboursement du crédit jusqu’aux leviers structurels susceptibles de stimuler durablement la croissance économique nationale. Seule une analyse exhaustive de ces différents paramètres permettra véritablement d’éclairer les choix politiques et économiques à opérer pour hisser nos Nations vers des horizons toujours plus prospères.
Compte tenu de la date actuelle, il n’existe pas encore de classement officiel des pays africains en fonction du ratio dette/PIB et de la variation relative de la dette pour l’année 2022. Néanmoins, voici une estimation provisoire de 15 pays africains classés en fonction de ces deux indicateurs, en utilisant les données disponibles estimées pour fin 2021 et début 2022 :
1. Maurice : 77% / +4% (par rapport à 2020)
2. Namibie : 63% / +12% (par rapport à 2020)
3. Botswana : 33% / +4% (par rapport à 2020)
4. Seychelles : 81% / +5% (par rapport à 2020)
5. Swaziland : 29% –
6. Gabon : 63% / +12% (par rapport à 2020)
7. Algérie : 33% / +4% (par rapport à 2020)
8. Angola : 120% / +5% (par rapport à 2020)
9. Libye : 6% –
10. Guinée Equatoriale : 53% / : +4% (par rapport à 2020)
11. Sierra Leone : 79% / +11% (par rapport à 2020)
12. Ethiopie : 58% / +7% (par rapport à 2020)
13. Malawi : 59% / +9% (par rapport à 2020)
14. Ouganda : 46% / +8% (par rapport à 2020)
15. Rwanda : 54% / +10% (par rapport à 2020)
Certains pays peuvent présenter des ratios dette/PIB plus faibles, mais être confrontés à des problèmes de viabilité de la dette en raison d’une dynamique de croissance économique insuffisante, d’une structure économique déséquilibrée et d’institutions fragiles.
Par Darly NGUEMA, Spécialiste Finance Audit et Pilotage de la performance