Avec un loyer annuel réduit à 17,5 milliards FCFA entre 2027 et 2029, puis plafonné à 35 milliards FCFA à partir de 2030, le contrat renégocié de l’usine de dessalement de la Grande Côte incarne une nouvelle approche de gestion économique des infrastructures stratégiques. Ce projet, porté par l’État du Sénégal et le groupe saoudien ACWA POWER, vise à fournir jusqu’à 400 000 m³/jour d’eau potable, soit deux fois la capacité de l’usine KMS3.
Inscrit dans le Schéma directeur de l’hydraulique urbaine, le projet anticipe une demande croissante dans le triangle Dakar–Mbour–Thiès, dont les besoins passeront de 763 000 m³/jour en 2025 à 1,8 million en 2040, puis 3 millions en 2050. Ce pôle stratégique concentre 35 % de la population nationale et 55 % de l’activité économique, sur seulement 3,7 % du territoire.
L’accord renégocié permet à l’État d’obtenir un financement concessionnel via le Fonds saoudien d’investissement, adossé à un mécanisme de remboursement par dividendes, et non par emprunt direct. De plus, la part des prêts concessionnels est portée à 50 %, contre 33 % auparavant, ce qui réduit la pression sur la dette publique.
Sur le plan opérationnel, les coûts d’exploitation baisseront de 4,5 millions d’euros par an, soit environ 3 milliards FCFA, et l’État supprime une exonération douanière équivalente à 180 millions FCFA. En matière de gouvernance, la SONES et la SENELEC entrent au capital des sociétés de gestion des volets Eau et Énergie, ce qui renforce le contrôle public.
Le modèle économique du contrat repose aussi sur une logique de partage des gains : en cas d’économies, ⅔ reviennent au projet, ⅓ à ACWA POWER. Ce partenariat public-privé (PPP) se distingue également par l’ambition de développer un contenu local, avec des partenariats de formation professionnelle et la création d’un centre de compétences dans le dessalement.
Ce projet, inscrit dans l’Agenda Vision Sénégal 2050, s’inscrit dans une logique d’intégration territoriale, de durabilité environnementale via la préservation des nappes phréatiques, et d’innovation en matière de partenariat public-privé.