La sortie au vitriol, hier, du Premier ministre, Ousmane Sonko, a défrayé la chronique. Chacun y est allé de son commentaire, de son interprétation. Ce qui est certain, c’est que si dualité rampante au sommet de l’État y’en a, personne ne sortira victorieux de. Qu’il s’agisse de l’opposition, qui trouve ainsi une occasion en or pour battre le rappel des troupes et affiner sa stratégie de lutte pour un nouvel assaut, ou même des membres du pouvoir ou de la société civile, nous avons tous intérêt à travailler à trouver une solution à cette impasse dans laquelle s’est engouffré notre pays depuis quelques mois.
Cette sortie, dans un cadre politique, du PM semble donner raison à ceux-là qui relevaient une mésentente entre le Chef de l’État et le Chef du gouvernement, vu certains actes posés, de part et d’autre, dans la gestion de l’État et la conduite des politiques publiques.
Dans un contexte où notre pays est tristement propulsé sous les feux des projecteurs, suite à la publication de rapports mettant en exergue des anomalies et des irrégularités dans la gouvernance de nos finances publiques, sous le registre du régime sortant, il urge d’œuvrer à sortir rapidement de cette situation qui ne fait que perdurer.
L’activité économique peine à prendre son envol ; le plan de redressement récemment annoncé par le PM tarde à voir le jour ; le secteur privé national court derrière ses créances, celui international plongé dans une position attentiste. Les partenaires multilatéraux, à l’image du FMI, sont aujourd’hui suspendus à la publication de rapports complémentaires pour y voir plus clair.
L’image de notre pays n’a jamais été aussi écornée à l’international. Les réactions des marchés mondiaux sur les eurobonds du Sénégal en sont une parfaite illustration. Que dire de ces agences de notation qui attendent sans bruit et observent le moindre geste du Sénégal. Sauf surprise, leurs prochaines notations ne laissent présager aucune perspective rassurante. Ce qui contribuera à renforcer le sentiment de méfiance auprès des investisseurs.
La seule alternative qui s’offre à notre pays, c’est de travailler à aider les autorités à surmonter cette situation. Une dualité à la tête de l’Etat ne ferait qu’enfoncer le pays dans un trou déjà profond. Inutile de rappeler la scène Senghor-Dia.
Près de quinze mois après leur arrivée au pouvoir, Bassirou Diomaye Faye et son équipe semblent encore continuer à se chercher. Beaucoup d’observateurs pensaient qu’avec l’adoption de l’agenda pour la transformation de l’économie, « Sénégal 2050 », les choses allaient bouger. Que nenni. La première moitié du mandat arrivera bientôt à terme, et aucune action concrète visant une transformation structurelle de notre économie n’a véritablement été posée, si ce n’est des intentions affichées, des ambitions déclinées.
2029, c’est maintenant ! Les trois ans qui nous séparent du prochain scrutin risquent encore d’être compliqués pour le nouveau régime si aucun projet structurant n’est mis en œuvre.
Toutefois, l’on ne peut pas passer sous silence les actions posées depuis leur arrivée. D’importants efforts visant à amoindrir la souffrance des populations ont été déployés. Parmi ceux-ci on peut citer la baisse du coût de la vie. Des pas salutaires mais loin d’être suffisants dans un océan d’attentes.
Il est temps que le Chef de l’État, le Premier ministre et leurs équipes se recentrent sur l’essentiel : donner un cap clair, agir avec détermination, et mettre fin aux interminables lamentations qui, depuis leur installation, tendent à paralyser toute dynamique positive. Évitons de nous laisser distraire par des débats stériles ou des pièges tendus par une opposition plus aguerrie et requinquée. La réussite du Sénégal dépend de leur capacité à faire preuve d’unité, de lucidité et de pragmatisme.
Sauvons la barque qui tangue avant qu’il ne soit trop tard. L’avenir du Sénégal en dépend.
©️📷 Fii Sénégal